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Sommaire - BD -  Cla$$war


"Cla$$war " de Williams, Hairsine et Foreman


9,5/10

Cla$$war est l’œuvre d’une équipe de la jeune société d’édition Com.X. Créée en 2000, cette entreprise s’inscrit dans une veine éditoriale d’un comics hyperréaliste où les scénarii s’appuient sur l’actualité et la transposent. Com.X sait drainer les talents et les faire éclore dans des séries de grande qualité. À tel point d’ailleurs, qu’on peut à leur encontre, reprendre un slogan publicitaire qui leur va comme un gant : « Éleveur de champions ». En effet, dessinateurs et scénaristes se font régulièrement « enlever » par les géants du comics que sont Marvel et DC.
Les deux dessinateurs, Trevor Hairsine et Travel Foremen, de la présente série, parue en 2004 sont depuis chez Marvel, respectivement, sur Ultimate Nightmare et sur Dr Spectrum dans la collection Max.

La série, en six épisodes, relate la prise de conscience d’American, un super soldat crée par les Etats-Unis, sur le rôle qu’on lui a fait jouer et qu’on a fait jouer à son équipe, le groupe Enola Gay. Ils règlent le conflit du Golfe, obligeant Hussein à se retirer immédiatement du Koweït. Agissant comme des armes de destruction massive, ils sont l’avant-garde des forces américaines, rétablissant l’ordre partout dans le monde.
American entreprend de dénoncer les manœuvres politiciennes, les complots, les décisions d’un gouvernement soumis aux diktats des puissances économiques. Celui-ci a pris conscience de ces énormes tromperies grâce à Isaac, un ancien de la CIA. Révéler la vérité ?...Oui ! Mais cela remet en cause trop de situations, trop d’avantages acquis que les bénéficiaires n’ont pas, du tout, envie de perdre. Les premiers d’ailleurs étant les autres membres du groupe Enola Gay, puis les dirigeants de toutes les factions et puissances dont l’appétit est sans limites et qui sont prêts à tout, pour encore plus de profit.

C’est une série qui mixte géopolitique, satire sociale et théorie du complot, où la violence est très présente. Servant des thèmes d’actualité, elle devient encore plus impressionnante. Cla$$war, qui est la contraction de Class warfare, (Lutte des classes) n’est pas un brûlot anti-américain. C’est une critique de la politique étrangère des Etats-Unis visant les responsables aux commandes du pays. Le portrait du Président des Etats-Unis est révélateur. En en faisant un pantin irresponsable, à la limite de la bêtise, l’auteur se rapproche de portraits véhiculés par les médias.

Rob Williams, dont c’est la première œuvre publique, s’inscrit d’emblée dans la lignée des grands concepteurs. Il a l’art des dialogues percutants et sait impulser un rythme au récit. Il puise dans le quotidien de la vie politique et prend un parti social, dénonçant, dans des intrigues musclées, le mensonge des dirigeants et la manipulation des foules. Mais il sait aussi privilégier l’action avec des super héros, avec péripéties et morts. Ce n’est pas une aventure du gentil superman !
Le dessin est à la hauteur de l’histoire et les créateurs font montre d’une maturité et d’un indéniable talent pour retranscrire la puissance des émotions qui traversent ce récit.
Cla$$war est une réussite totale sur tous les points. Il ouvre la voie au « comics-reality », laissant loin derrière lui The Authority, qui, pourtant, avait fait sensation lors de sa publication. Une suite serait la bienvenue pour éclaircir et revenir sur certains points seulement effleurés.

Serge Perraud

Cla$$war, scénario de Rob Williams, dessin de Trevor Hairsine et Travel Foreman, Delcourt coll. Contrebande, juillet 2005, 160 pages, 14,95 €




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