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  Sommaire - DVD -  A - F -  Benjamin Gates et le Trésor des Templiers
"Benjamin Gates et le Trésor des Templiers"
de Nicolas Cage, Diane Kruger, Justin Bartha

L’analyse du DVD par Marc Sessego :

Walt Disney Home Entertainment
Numéro de catalogue 35990
DVD 9 double couche transféré à partir d’un master HD Super 35
DVD étudié au format ntsc 50htz
Un dvd identique existe en France en pal 60 htz et de facture identique.
Note ; La toute dernière production Jerry Bruckheimer, avec Nicolas Cage et Diane Krueger en tête a un seul et unique but : divertir pendant un peu plus de 2 heures et ce but est atteint car vous partez pour 2 heures de “ fun ”.

L’image : 4/5

L’image est excellemment bien transférée avec de riches couleurs bien saturées, les couleurs chairs sont juste au bon niveau et les noirs sont très profonds !.
Elle est peut être parfois très stylisée avec du bleu, et des couleurs “ or ” comme c’est le cas vers la fin du film mais elle ne perd rien de ses caractéristiques de base. Elle est détaillée bien que l’on sente que parfois certains plans possèdent ces fameux contours vidéo inhérent au format vidéo et surtout au procédé initial de tournage en “ super 35 ”, ils peuvent être parfois gênants mais il faut vraiment les regarder et je pense que vous serez trop absorbé par l’histoire pour y faire très attention car ils ne gênent en rien la présentation. Enfin, il y a de la pixellisation évidente dans certains plans due, malheureusement, à une compression pas toujours au plus haut niveaux (4.6/6) et qui donne de la place à des suppléments sur le disque certes très divertissants. Cependant on a ici affaire, dans l’ensemble, à un très bon transfert qui ne décevra pas et qui satisfera tout le monde pour un excellent moment de détente.

Le son : 4.5 /5

Dans l’ensemble une excellente dimension et un très bon champ sonore réparti sur les 3 voies centrales et sur les canaux arrières. Cette bande son dolby digital enregistrée à 480 bits par secondes peut vraiment vous emporter et être très divertissante. Cependant les dialogues peuvent parfois avoir un peu de retrait vis à vis des nombreux effets sonores qui sont souvent à très niveau. Le caisson de basse est utilise à très bon escient, et parfois on retrouve cette même fréquence sur les 5 canaux en même temps, ajoutant ainsi de très bonnes basses à un film déjà très mouvementé du point de vue niveau sonore.

Mon seul “ reproche ” (et je l’avoue peut être maintenant très “ trop ” ? technique) est que le champ sonore ne soit pas intégralement utilisé à son plus haut potentiel, bien que les canaux arrières répartissent bien une atmosphère et des effets “ hors champ ”, on ne trouve que très rarement des effets fantômes (effets que l’on sent bien d’une enceinte à l’autre : de l’enceinte gauche à la droite et vice versa) et qui ici sont très bien utilisés à l’avant mais très (trop ?) peu à l’arrière et ne forment que très rarement une bande “ dolby 5.1 ” à 360°.

La musique est , quant a elle, superbement bien composée et mixée, fait assez rare, et elle utilise tous les canaux pour un impact musical maximum (voir chapitre 2 et 19, le générique final, ou comment vraiment apprécier une bande originale en 5.1 !!) .

Au final une fantastique bande son mais quelque peu décevante au niveau des canaux arrières et qui ne lui donne pas la note de référence. Un très solide travail de mixage cependant mais j’espérais pour un tel film un léger cran au dessus et un véritable mixage du “ tonnerre de Brest ”.

Marc Sessego
Correction Andrée Cormier

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La critique d’Emmanuel Collot

Dans la rubrique "films" vous pouvez lire un autre avis d’Andrée Cormier sur ce film (cliquez)

Note son : 10/10
Note image : 10/10
Note Film : 0/10

Qu’elle est loin cette époque où on pouvait voir sur grand écran un baroudeur arpenter le monde à la recherche des trésors perdus et archives sacrées de notre histoire secrète, où on chassait l’arche d’alliance, partait en quête des pierres sacrées dans des Indes mythiques, pour finir par décrocher le Saint Graal gardé par un soldat templier plein d’humour. Si Indiana Jones a enflammé les années 80 soutenu par cette musique pleine d’envolées lyriques, son chapeau usé, son fouet claquant comme au cirque et ses coups de poings évoquant ceux d’un John Wayne dans "L’homme tranquille", c’est qu’il suivait une recette classique mais gagnante. Le temps passant, Spielberg semble avoir conservé intact le secret d’un film réussi, comme le montre le très réussi et un peu trop vite vilipendé "Guerre des mondes" avec un Tom Cruise qui a beau être Scientologue, il n’en a pas moins traversé 20 ans de productions cinématographiques avec toujours le même talent. Alors, quand l’affiche de "Benjamin Gates et le secret des templiers" est apparu sur les murs de notre ville, on s’est pris un temps à espérer un retour de ces films d’aventure mêlant avec bonheur fantastique, coups de poings à l’ancienne et humour décalé, brefs ces petites merveilles qui, remarquablement agencées par la caméra d’un réalisateur amoureux de ses acteurs, avaient jadis su nous faire rêver.
Ceux qui avaient par quelque instinct de préservation su éviter le film au cinéma furent pris d’un étrange remord, comme s’ils venaient de rater un grand film. De fait, la sortie imminente d’un DVD consacrant le même film fut accueillit avec une curiosité nuancée cependant par la traditionnelle et sempiternelle méfiance quand à ces films de plus en plus mauvais qu’un certain cinéma de genre commence à déverser dans la production cinématographique.
En louant, ou pire, en achetant pareil film on se serait attendu à tout sauf à ça. Le début du film louchant sur les clichés Spielberg (un gamin, Benjamin Gates môme, dégote une vieille relique dans un grenier de la maison de son grand-père) était plutôt prometteur mais la séquence voulant faire figure de flash-back est beaucoup trop rapidement filmée. On n’a pas l’habitude de voir une scène pourtant importante être traitée de cette manière, à la façon "mixer", et cela dérange dès le départ, insinuant un certain malaise. Le gamin descend la relique de l’escalier en bois et tombe nez à nez avec son grand-père qui du coup décide de lui raconter toute l’histoire de sa famille, prestigieuse, bien entendue. En quelques minutes et de façon fort maladroite, toute l’histoire est passée au crible d’une caméra hâtive pour ne pas dire maladroite, bâclant des scènes historiques qu’il eut pourtant été vital d’illustrer avec ingéniosité et force détails, sans pour autant faire long mais avec un certain sens du récit, ce dont est totalement dépourvu tout le préambule du film. La sauce ne prend pas parce que le réalisateur a voulu faire trop vite, et toute la suite du film s’en ressent. De cette séquence passée à 100 kilomètres à l’heure on passe à un Benjamin Gates arpentant les montagnes de quelque Himalaya à la recherche d’une nef, un bateau pris dans les glaces éternelles, où, croit-il, se cache un autre indice de sa quête du fameux trésor des templiers, francs-maçons, à moins que ce ne soit Guignol ou Pipotin. Découverte, décryptage, compromis, mésentente, explosion, tout s’enchaîne sans pour autant qu’on adhère au récit, et on se demande pourquoi ?
On revient dans les States et on suit alors péniblement des pérégrinations vites téléphonées, sans aucune originalité ni inventivité, et on se demande alors ce qu’on fait là à regarder un téléfilm qui n’a d’autre thématique que de parler de pognon, d’argent facile, de quête pour choper le trésor et ainsi décrocher les 1 % restant pour se payer la dernière Ferrari à la mode, et/ou la belle fille crétine (pitoyable Diane Kruger) au possible collectionnant des pins qu’on voudrait faire passer pour des reliques de l’histoire américaine. Quand à cette "déclaration d’indépendance des Etats-unis" on reste consterné, estomaqué, devant l’interprétation qui en est faite, tellement on a l’impression que les acteurs veulent nous la faire passer plus comme un traité commercial que comme une vraie déclaration d’indépendance, à moins qu’il ne faille parler "d’indépendance économique", ce qui au regard de ce mensonge sur grand écran semble bien plus juste.
Comment les Américains ont-ils pu se rendre coupables d’une telle imposture cinématographique ? Alors que nous sommes encore en attente (avec une certaine crainte) d’un Indiana Jones 4 qui aurait dû être tourné il y a 10 ans (Ford n’étant plus très frais et Spielberg à court d’idées) , voilà qu’on ose nous imposer un produit aussi infâme que ce pénible téléfilm visant une clientèle soi-disant bourgeoise et sans aucun goût pour le cinéma de qualité, ou, dois-je dire, pour le cinéma tout court. On nous parle d’un nouveau Indiana Jones, du renouveau du cinéma de grande aventure. Faux et archi Faux ! Ce film est dépourvu de qualité tant d’un point de vue scénaristique (des dialogues minimalistes, mal gérés, des personnages sans aucune profondeur) que technique (scènes d’actions ratées, bâclées, volontairement éludées au profit d’une soi-disant chasse au trésor qui n’est qu’une chasse au pognon) .

Parlons donc un peu de cette chasse au trésor tant revendiquée par le film et magnifiée par un DVD esthétiquement réussi mais tout aussi nullisime. On croirait assister à une émission ratée de "La Chasse au trésor" de France 3. Nicolas Cage semble être un vieillard sous Prozac et que dire des autres acteurs ? Ils semblent lire et réciter stupidement leurs dialogues sans insuffler ce qui fait justement d’eux des acteurs : une âme ! Et les séquences se succèdent ainsi, s’accumulent plutôt, au grand désespoir de ceux qui avaient espéré un peu de vraie aventure. A un moment, Nicolas Cage tient d’une main sa partenaire, Diane Kruger inéxistante durant tout le film, et préfère la lâcher sur une autre nacelle et ainsi récupérer le précieux rouleau de la déclaration des Etats-unis. A lui de dire à celle-ci que c’était préférable et au troisième larron (Justin Bartha encore aux rattrapages de son BAC) de surenchérir qu’il aurait, lui, lâché ses deux partenaires pour la même raison. Et là, par quelque étrange pensée soudaine et perverse (?) mais parfaitement mise en avant par ce film faussement innocent, on se prend à penser qu’il ne parle pas d’un traité des libertés mais plutôt d’un traité pour le libre échange commercial. En outre, quand on a les moyens de ses ambitions on n’inflige pas à un public un tel film de mauvais goût qui se fout autant des Francs-Maçons que d’indiana Jones. Et que pensent d’ailleurs les Francs-Maçons de cette nullité ? Pas grand chose, on l’espère, à moins qu’il ne se soient eux aussi convertis à cette pensée new-age du "pognon c’est pour tous mais moins pour ceux qui ne font que le regarder" que ce film étrangement semble débiter dans le déroulement de son intrigue complètement ratée, volontairement, on se prend à l’envisager tellement les outrances s’accumulent. Quand à la fin, où les héros ont enfin beaucoup de pognon pour nous le montrer, on espère que le cinéma américain sera toujours capable de nous montrer autre chose que ce produit mercantile, mensonger et médiocre. A déconseiller, même aux inconditionnels du cinéma d’aventure, bien discret ces dernières années, il faut le reconnaître. Mais bien pire, et c’est là l’écueil principal du film, cette ignoble bande convenue est également à déconseiller aux amateurs de chasse au trésor ou d’énigmes archéologiques ou esotériques, tant l’intrigue est faible pour ne pas dire primaire, vite résolue comme une mauvaise blague façon Club Med, tant elle est si peu développée au profit du "faut trouver le fric" ou encore "que va-t-on faire de toute l’argent une fois nos pognes bien remplies". Toute la magie du genre est oubliée, toute la mythologie du chercheur de trésor et des secrets ésotériques est mise à mal par une espèce de libéralisme primaire où finalement c’est le pognon qui compte. Ce film a oublié de faire rêver en nous rappellant qu’une seule chose : l’argent est roi. Rien pour nous faire sortir un instant de notre quotidien et nous faire oublier ce fric qu’on a pas ou qu’on a en trop si ce n’est pour nous faire dangereusement rappeler combien l’argent est le moteur du monde réel, et comble du malheur, d’un certain cinéma qui n’est pas et ne sera jamais du cinéma, tellement il échoue à transmettre ce doux frisson que nous avions connu tout jeune avec cet aventurier au chapeau élimé à l’inoubliable moue du visage qui évoque encore et toujours l’un des éternels visages de l’enfance rêvée par Spielberg. Ce film est une vraie insulte au cinéma même, et une honte pour un acteur de l’envergure de Nicolas Cage, bien oublié depuis le chef d’oeuvre que fut "Face à face". Alors on aura beau dire que ce film est un remède aux films ultraviolents, que c’est un retour au vrai cinéma d’aventure. Je dirais qu’au contraire, ce film est violent et agressif mais à un autre niveau, beaucoup plus inquiétant, un niveau qui est équivalent à la violence à l’état brut : le règne et le culte de l’argent. Une ignonimie pour tout film se revendiquant un temps soi peu de film d’aventure et une nouvelle façon de répendre la même violence, celle du gain...
Ce qu’il y a d’inquiétant dans ces films (Alexandre, Benjamin Gates, les femmes de Stepford de Frank Oz, et quelques autres) c’est cette promulgation d’une dangereuse idéologie sous-jacente, sous les faciles oripeaux de la non violence. On croit parfois y deviner, mais nous ne devons pas être beaucoup finalement, nous les "réactionnaires", des relents d’un libéralisme aveugle, facile, sûr de lui, parlant argent mais se gardant bien de reconnaître que cet "argent" ne sera toujours que pour certains au détriment de la masse ou de certains exclus, comme choisis par ce Dieu de l’argent pour perdre. Madonna dit un jour, son bracelet de mouton soumis au poignet, que les mythes étaient faits pour être détruits. Dans un milieu aussi superficiel et inventeur de rêves que le cinéma cela laisse dubitatif. Il semblerait qu’on assiste depuis quelques années à une volonté parfois revendicatrice de la part d’une pensée unique et marchande de mettre à bas ce qu’on nomme les mythes. Ainsi, si Alexandre se voit grimé en une sorte de clown grotesque et irresponsable, une espèce d’enfant gâté coupable de son homosexualité, Nicole kidman, quand à elle, se fait la cantatrice bien malgré elle d’une société américaine hypocrite. Benjamin Gates, quand à lui, se montre comme un petit bourgeois à la petite semaine, voulant abattre un Indiana Jones insurpassable, et ridiculisant par contamination un acteur aussi excellent que Nicolas Cage. Comme quoi ont peut être également victime des armes qu’on emploi pour faire triompher une idéologie qui lorsqu’elle touche aux arts sans distinction de moyens et de formes est aussi catastrophique et fascisante que certaines pensées totalitaires de jadis, mais en un mode certes plus discret quoiqu’aussi sauvage et pervers. C’est en voulant dénaturer un genre hérité de Ridder Haggard que ce film devient l’héritier de cette fausse culture qu’on nous fait bouffer depuis des années, derrières les tâches d’encre laissées par les nègres d’un Sullitzer. Affligeant et crétin au possible, ce film est plus une parodie d’Indiana Jones de mauvais goût qu’une véritable nouvelle donne. Le film vite terminé (mais on a l’impression qu’il a duré des heures, voir des jours) , on tentera d’oublier cette insulte pour tout cinéphile qui se respecte et de revenir à Indiana Jones voir même aux Allan Quatermain avec Chamberlain qui dépassent également cette daube dangereuse et suspecte par bien des aspects...

Comme il est de coutume pour ces nanards idéologiques issus de l’économie libérale, le rendu son en 5.1 est assez remarquable, les deux pistes sonores, la VO et la Vf se valant très bien pour donner à ce navet insupportable un rendu qui touche la perfection tant au niveau des basses que de la répartition des sons sur l’ensemble du film.

Le rendu image est lui à la hauteur de l’entreprise, quelques variations de luminosité mais qui ne viennent en rien perturber le rendu des teintes remarquables dans cette édition. Comme quoi, ce sont les films les plus pourris qui sont parfois les mieux servis, encore un mystère des techniciens du DVD.

Emmannuel Collot



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