SF Mag
     
Directeur : Alain Pelosato
Sommaires des anciens Nos
  
       ABONNEMENT
Sfmag No122
118

11
F
é
v
RETOUR à L'ACCUEIL
BD   CINÉ   COUV.   DOSSIERS   DVD   E-BOOKS  
HORS SERIES    INTERVIEWS   JEUX   LIVRES  
NOUVELLES   TV   Zbis   sfm   CINÉ-VIDÉOS
Encyclopédie de l'Imaginaire, 18 000 articles
  Sommaire - Films -  A - F -  Amityville
Voir 103 livres sur le cinéma, romans, études, histoire, sociologie...

"Amityville" de Andrew Douglas

 

The Amityville Horror
Date de sortie : 01 Juin 2005
Avec Ryan Reynolds, Melissa George, Jimmy Bennett
Année de production : 2004
Remake de Amityville, la maison du diable

APRES le remake de "Massacre à la tronçonneuse" excellemment produit par Michael Bay (Pearl Harbor, Bad Boys), c’est donc à une nouvelle mise à jour d’un grand classique des années 70 dont tout le monde se souvient et qui avait comme vedette Margot Kidder et James Brolin à laquelle il s’attaque. Qu’en est-il donc de cette nouvelle adaptation ?.

George et Kathy Lutz viennent d’acquérir la maison de leurs rêves pour un montant bien au dessus de leurs moyens. Ils apprennent alors que l’ancien propriétaire est subitement devenu complètement fou et, une nuit, a tué toute sa famille à coups de fusil. Pour eux, ce drame fait partie du passé et ils décident de ne pas rater une telle occasion. Pourtant, dès les premiers jours, d’étranges événements surviennent et, au bout du compte, ils ne resteront que 28 jours dans cette demeure.

Michael Bay a entièrement « relooké » cette nouvelle adaptation à sa manière en utilisant dès les premiers plans et ce pour faire sursauter son spectateur une multitude de plans cuts montrant plus d’images chocs au lieu de faire régner immédiatement la peur. Oui les images de cette nouvelle version sont très dérangeantes, tel un dossier complet de la police elles montrent des choses que rarement le cinéma se permet de montrer telles des images d’enfants abattus ou d’autres visuels à la limite réelle de l’insoutenable. On entre également très vite dans le vif du sujet donc âmes sensibles s’abstenir ou plutôt vous êtes prévenus . Vous êtes bel et bien ici convié à un film d’horreurs aux images ultra chocs. Ceci dit après la « patte » artistique de Bay que l’on a retrouvée sur « massacre », il laisse libre choix à son metteur en scène dont c’est ici la première mise en scène en instaurant son propre climat de terreur et le film devient plus personnel, plus glauque, plus horrible aussi, très loin du style auquel son producteur nous a habitués avec ses grosses productions hollywoodiennes. .

Le metteur en scène Andrew Douglas distille l’horreur et une ambiance de folie au fur et à mesure que le film se déroule et c’est véritablement la descente aux enfers de George Lutz à laquelle on assiste ici. Au fur et à mesure nous avançons lentement et insidieusement dans la peur la plus totale et je vous garantis que vous sursauterez plus d‘une fois dans votre fauteuil. A saluer ici l’excellence des décors auxquels un soin particulier a été apporté : ils sont d’ailleurs magnifiés par une photographie superbe qui renforce parfaitement l’atmosphère pesante de cette maison qui referme on ne sait quoi de "mauvais" et de "mortel". Notons à la différence du métrage des années 70 un passage au CinémaScope qui renforce à merveille l’aspect et l’ambiance du film avec une optimisation de l’utilisation de l’écran large ou "scope". On notera une séquence technique à couper le souffle où Douglas se permet une envolée dans sa mise en scène avec grue et déplacements de camera qui non seulement renforce le climat de terreur mais vous donneront également le vertige, comme si le film et son sujet n’était pas assez terrifiant comme cela.

Le montage est également une véritable leçon de cinéma qui permet à Douglas d’enchaîner son récit sans jamais vraiment laisser au spectateur le temps de souffler car le mal rode.... quel qu’il soit.... Certains reprocheront certainement un coté très "MTV" ultra rapide mais cette rapidité visuelle sied parfaitement pour engendrer la peur et nous faire sursauter. Il est vrai que le cinéma a évolué depuis le film original de 79 et que ce film nous montre les dernières innovations et techniques cinématographiques et comment elles peuvent être utilisées à bon escient.

Il est je pense très important de mentionner qu’"Amityville" comporte un mixage son des plus effrayant et que sa seule bande sonore renforce l’histoire qu’il raconte à un degré inimaginable. Je ne pense pas que le film et son ambiance seraient aussi bons sans le champ sonore qui l’accompagne et tout le soin apporté au mixage des différentes "réactions" de cette maison, entre grincements et chuchotements.... Vous allez vraiment être effrayé et vous frissonnerez en entendant les sons venant de chaque recoin de cette effrayante maison avec un impact que je qualifierai d’infernal. C’est d’ailleurs si bien mixé que le film atteint un stade où il met véritablement le spectateur très mal a l’aise.

Coté casting peu de stars mais que de bons acteurs qui ont été admirablement dirigés. Ryan Reynolds, après sa prestation dans « Blade 3 » nous offre ici une excellente composition de la descente aux enfers et Mélissa George reprend le rôle, oh combien difficile, joué par Margot Kidder et s’en sort à merveille. Le rôle du prêtre est ici tenu par une courte mais excellente apparition de Philip Baker Hall que l’on a récemment vu dans bon nombres de films tels magnolia.

Egalement au casting des enfants, tous brillants, Jesse James (L’effet papillon), Jimmy Bennett, Rachel Nichols.

Ce qui maintenant est très intéressant dans cette nouvelle version c’est que le film va là où le métrage de 1979 s’arrêtait c’est à dire "l’explication". Cette version nous montre enfin ce qu’il s’est passé auparavant et pourquoi cette maison est devenue ce qu’elle est. Là encore images "choc" à l’arrivée mais vous comprendrez enfin pourquoi "Amityville" fut appelée dans sa version française la "Maison du Diable" car malheureusement et aussi bon soit-il l’ancien métrage n’apportait aucune réponse sur les origines du mal.

Le seul point faible du film serait peut être toute la séquence de la "baby-sitter" qui, même en montrant certaines choses avec beaucoup d’humour, n’en demeure pas moins un peu trop poussée et certes un peu ridicule, le personnage étant beaucoup trop caricaturé et tout a fait dénué de sens. Ce serait sans doute le seul vilain bémol du film mais remarquez quel film est parfait ?.

Ce qui intrigue tout de même - et c’est cette fois le point fort du film - c’est le fait que si vous vous éloignez un peu de toutes ces scènes chocs et de tout l’emploi de l’illusion de la technique cinématographique qui pourtant sied parfaitement à ce film, on ne peut que rester très perturbé en sachant que les réels occupants de cette maison, le fameux "112 océan avenue" ont, pour cette version, apporté de véritables documents et leur récit des faits qui se sont réellement déroulés... Bien qu’exagérée pour les besoins du cinéma, cette histoire est vraie, ces événements ont réellement existé et cette maison est bel et bien "habitée" ou "hantée" devrais-je dire par une "chose" qui est la définition même du mal. Il y a de quoi être mal a l’aise non ??

"Amityville" est donc un divertissement de très haute qualité, qui ravira certes les fans du genre qui s’octroieront ainsi une bonne soirée de frayeurs, mais qui pourra également déclencher un bon nombre de discussions et débats car ne l’oublions pas : le "112 océan avenue" existe bel et bien et quelque chose ou quelqu’un y réside encore actuellement ........

Marc Sessego
correction Andrée Cormier



Retour au sommaire