9/10

"Ainsi était le Monde des Trois Lunes. Il n’y avait plus de place sur la Terre des Royaumes, et les hommes s’entredévoraient. Rois, reines et conseillers nouaient leurs intrigues et leurs crimes, les autres vomissaient leur haine et leurs jalousies sanglantes, et tout ce monde naissait, copulait, crevait et pourrissait dans la fosse".

Le naufrage de la galère a laissé sur le rivage le galérien Arekh, Marikani descendante des rois-sorciers d’Arrethas et sa suivante
Liénor. Tous trois en territoire ennemi ils vont parcourir les royaumes où la guerre menace en s’efforçant de survivre afin de rejoindre le royaume d’Harabec où les plus grands des dangers les attendent.
Arekh va de surprise en surprise, comme la haine inexplicable que lui voue Liénor, le fait que Marikani lui ait sauvé la vie, sa propre sollicitude à aider ses compagnons d’infortune, sans oublier la mansuétude de cette aristocrate pour les représentants du méprisable peuple turquoise condamnés à être esclaves par décision divine comme le prouve leur peau claire, leurs yeux bleus et leurs cheveux blonds.
C’est une initiative intéressante des auteurs de relater les évènements du point de vue d’Arekh. Son passé lui permet d’analyser les aspects économiques, politiques et sociaux d’une situation : ce qui permet une présentation efficace de l’univers. Mais c’est également un point de vue partial en raison de la personnalité sombre de l’observateur. En effet Arekh est habitué aux mensonges, aux traitrises, aux fausses promesses. Paradoxalement c’est ce qui va lui permettre de découvrir la réalité du plus grand secret des Royaumes. Habitué à la fausseté même, il va comprendre.

Damien Dhondt

Ange _ Le peuple turquoise (Les trois lunes de Tanjor 1/3) _ J’ai Lu n°7489 (février 2005) _ Réédition, poche, 350p. 6,80 euros