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  Sommaire - DVD -  M - R -  Open water, en eaux profondes
"Open water, en eaux profondes"
de Chris Kentis
 

Avec Blanchard Ryan, Daniel Travis, Saul Stein
Seven 7 Vidéo

Le mystère cinématographique de 2004 ! lancé comme un événement, un suspense impressionnant, réalisé pour trois fois rien, le Blair Witch de l’année, Open water était attendu avec impatience. Après sa sélection à Sundance qui vit ses ventes grimper en flèche, des rumeurs sur le Net qui mettaient l’eau à la bouche, le film sortait enfin en salles. Et là, si certains grimpaient effectivement aux rideaux (une claustrophobie inconsciente découverte !), les autres restaient abasourdis devant un tel produit. Car qualifier Open water de film est déjà lui donner trop d’importance et de qualité. Le pitch scénaristique était alléchant. S’appuyant sur un des nombreux faits divers émaillant les récits de plongée (et il y en a de bien pires que celui-ci, croyez-moi, quand on plonge à droite et à gauche, ce qu’on entend est limite de vous dissuader de continuer !!!), il s’agit ici de l’histoire d’un couple qui lors d’une sortie en mer est « oublié » sur le listing de vérification des retours des plongeurs. Ils se retrouvent donc en surface, encerclé progressivement par des requins qui deviennent de moins en moins farouches à l’idée de goûter à de la chair humaine.

Déjà, premier énorme point négatif, le choix de filmer en vidéo pour accentuer le côté reportage. Ok, ça marche pour Blair witch, c’était même logique puisque un troisième larron filmait les deux autres et qu’on retrouvait après leur caméra. Mais ici, c’est complètement ridicule et absurde. Ils ne sont qu’eux deux dans l’eau ! Aucune justification d’un tel choix, et par contre une totale annihilation du suspense maritime souhaité. C’est simple, si on veut une référence dans un film voisin, on prend Calme blanc : superbe cinémascope amplifiant encore plus le sentiment d’être paumé au milieu de nulle part. Donc, techniquement, c’est raté et en plus filmé comme les pieds. On continue avec le suspense lié aux requins. Des gros plans d’ailerons frôlant les nageurs, oouuuuhh, qu’on a peur ! C’est simple, Open water est fait pour terrifier ceux qui son terrorisés par l’eau et les sardines ! Alors imaginez l’effet avec l’océan et des requins sur ces personnes !!! Donc, à la fin du film qui, à la surprise générale, recèle ce qui constitue la seule bonne scène de tout le métrage, car suscitant là quand même une réelle terreur quand on voit la résignation de la femme, on se dit qu’Open water est un coup d’esbrouffe amplifié par des professionnels sur quelques réactions dithyrambiques d’un petit groupe de flippés de l’eau. Et tout cela est confirmé dans les bonus. Tout ce qui a trait aux acteurs et au « réalisateur » (les premiers devraient retourner prendre des cours, le second aussi, même dans une scène intimiste comme une engueulade de couple !) confirme que le succès du film ne repose pas sur eux mais sur ce petit concept de deux personnes dont on suit les dernières heures de vie en plein océan. Et pourtant, ça se congratule mutuellement plus d’une fois : « on avait peu de moyens mais plein d’idées, le succès du film vient de là, le côté reportage ( !!!) accentue le réalisme, etc... ». En parallèle à cette promotion qui finit vraiment par énerver, un reportage sur les requins qui confirme qu’avant de bouffer tout crû des plongeurs, on a le temps de se sauver, à savoir que le requin n’est pas un animal qui attaque directement comme ça sauf les proies qu’il a l’habitude de chasser. Ensuite, le meilleur de tout, les interviews des dirigeants de Lions Gate Films, distributeurs américains du film, dont la très bonne politique fait d’eux depuis quelques temps un indépendant avec qui on doit compter (un peu comme New Line il y a quelques années), et qui expliquent leur choix et les raisons qui leur faisaient penser qu’ils tenaient là un succès commercial. C’est aussi eux qui ont acheté Saw et ils se sont fait une sacrée petite fortune avec ça. Voilà, après avoir vu tout ça (laisser tomber le commentaire audio, c’est déjà un supplice de revoir le film mais avec ses propos, c’est parfois affligeant !), voir comment on peut se persuader de faire un futur classique du genre alors que ça ne vaut guère mieux que la pire des séries Z produites pour gagner quelques milliers de dollars, on se dit qu’une telle histoire peut resservir une autre fois à quelqu’un de talentueux et qui ne confondra pas « cinéma » avec « film de vacances ».

Note : Film : 0/10 DVD : 5/10 (copie bonne pour une image très laide, format cinéma 1.85, image vidéo 16/9ème compatible 4/3 )
Bonus : making of ; documentaires sur les requins, sur la survie en eaux profondes, sur la vente d’un film indépendant ; scènes coupées ; bande-annonce originale du film & d’autres titres
 ; commentaire audio du réalisateur et de sa productrice.

Stéphane Thiellement



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