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Sommaire - Interviews -  Léo


"Léo" de Christophe Corthouts


Pour ceux qui seraient restés sous une pierre ou dans un monastère durant ces dix dernières années, Léo, c’est avant tout l’architecte bâtisseur des univers de Bételgeuse et d’Aldébaran, deux séries de BD qui allient la simplicité d’un trait clair à la richesse d’un univers fouillé. Arrivé en France en 1981 pour échapper au totalitarisme de son Brésil d’origine, Léo s’est rapidement fait une réputation de conteur dans Pilote ou l’Écho des Savanes. Après une adaptation réussie de la vie de Ghandi pour Bayard, il ‘entre’ en 1988 chez Dargaud où il travaille, avec Rodolphe au scénario, sur Trent, une série western. C’est ensuite son univers qu’il développe dans Aldébaran et Bételgeuse. Aujourd’hui, il nous revient dans la peau d’un “simple” scénariste, pour les aventures de Dexter London, faux aventurier lancé dans une vraie aventure !


Cette idée d’un “faux” aventurier qui se retrouve embarqué dans une histoire abracadabrante, elle vient d’où ?



Je ne sais pas exactement. Mais je peux vous dire que c’est une idée que j’ai depuis un certain temps. Mais qui dormait dans un coin de ma cervelle parce que je trouvais mon style trop classique pour l’illustrer. Donc, je n’y pensais plus vraiment lorsque Dargaud m’a demandé si je voulais travailler avec Sergio Garcia. Écrire un scénario pour un autre dessinateur, ce n’est pas vraiment mon truc. Alors au départ, j’étais un peu réticent. Et puis je me suis mis à repenser à Dexter London et finalement cela m’a plu de m’attacher à son histoire.


Au point de devenir aussi scénariste pour d’autres ?


Non, je ne pense pas. Je ne suis pas scénariste au départ et je ne pense pas que je le deviendrai. Je n’ai pas envie d’en faire une habitude.


Dexter London, ou les volumes d’Aldébaran ou Bételgeuse, ce sont des histoires qui vous viennent sous forme de mots ou d’images ?


Plutôt d’images. Et d’atmosphère. Avec Aldébaran, je me suis demandé ce que serait la vie quotidienne dans le genre d’atmosphère, de lieux, qui sont décrits dans la série. Avec ces animaux merveilleux, ces ambiances. La narration, l’histoire, les mots et les textes ne viennent que par la suite. Et ce fut pareil avec Dexter London.


Ces atmosphères, on ne peut pas vraiment les définir comme de la science-fiction...


Non. D’ailleurs, je conçois plutôt mon travail et mes univers comme des univers d’anticipation. La différence étant que la science et ses évolutions ne prennent pas une place prépondérante dans mes histoires. D’ailleurs, je suis fasciné par les événements qui sortent de l’ordinaire, pas par les technologies qui sortent de l’ordinaire. Par exemple, lorsque je dois me casser la tête pour savoir à quoi pourra bien ressembler un ordinateur dans deux ou trois cents ans, je trouve cela un peu ennuyeux. C’est pour cela que je préfère imaginer que mes histoires sont situées dans un avenir proche, afin de ne pas mettre trop en avant l’aspect technologique.


Cette simplicité, cette envie de raconter une histoire accessible se retrouve aussi dans votre technique de narration et votre dessin. Pas envie parfois de jouer un peu avec les cadrages, les proportions comme dans les comics ou les manga ?


Non. Je suis un dessinateur classique. Et dans Dexter London, je ne suis que scénariste, mais Sergio Garcia a le même souci que moi, celui de raconter une histoire. Avec un trait clair, un découpage lisible et maximum de simplicité. Je ne sacrifierai jamais un peu de l’histoire pour un bel effet ou un dessin magnifique.


Ce qui nous conduit au dessinateur qui vous a le plus influencé...


Moebius-Jean Giraud. Je le considère comme un maître. Le fait que j’ai débuté cher Dargaud avec Trent, une série western, puis que je développe maintenant mon propre univers d’anticipation, je trouve cela formidable parce que c’est pour moi comme un parallèle avec Giraud-Blueberry et Moëbius et ses univers. C’est vraiment un maître pour moi.


Moebius qui a un peu touché à tout depuis le début de sa carrière, avec entre autres l’animation, ou le cinéma, le jeu vidéo... Ce sont des médias qui vous attirent ?


Pas en tant que dessinateur. En fait, ce sont des médias que j’observe et qui me fascinent. Je suis par exemple très attiré par l’animation en 3D. J’ai d’ailleurs un neveu qui a réalisé des animations à partir des créatures de Bételgeuse et j’en suis resté baba. Mais je ne crois pas que je sois mûr pour participer à ce genre de projet. Je suis encore un “jeune” dessinateur. Cela ne fait que dix ans que je suis dans le circuit et franchement, pour l’instant, je me contente d’utiliser la technique que je connais le mieux, celle de la bande dessinée pour raconter des histoires. Je me considère encore comme un novice, donc j’ai encore le temps d’élargir le champ de mes investigations.


D’autres gens vous ont influencé ?


Influencé, je ne sais pas. Mais d’autres dessinateurs m’impressionnent autant que Giraud. Par exemple Hermann, dont la technique est toute différente de la mienne, mais qui fait partie des dessinateurs qui m’impressionnent. Coset également. Il y en a beaucoup, qui ne m’influencent pas au sens premier mais dont le travail me fascine.


Et dans le futur, que doit-on attendre ?


Et bien la suite d’Aldébaran et Bételgeuse, évidemment. Avec de nombreuses révélations et de nombreuses explications sur cet univers... Mais aussi assez de questions et d’interrogations pour que je puisse ouvrir un troisième cycle, encore à l’état d’ébauche.


Envie aussi de raconter d’autres histoires ?


Oui, sans aucun doute. Je voudrais pouvoir utiliser mes souvenirs d’enfant, au Brésil, afin de raconter les nombreuses choses que j’ai vécues là-bas. Là, on s’éloignerait totalement de l’anticipation, ou de la science-fiction pour entrer de plain-pied dans la bande dessinée réaliste. Mais ce sont des projets qui flottent dans ma tête et que je mettrai sans doute un jour en images... Lorsque j’en aurai le temps. Pour l’instant, le troisième tome de Bételgeuse occupe la plus grande partie de mon temps... Et me prend un peu la tête, j’avoue !





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