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Sommaire - Interviews -  François Manson


"François Manson" de Par Christophe Corthouts



La nouvelle est un exercice littéraire de haut vol, que certains (surtout les “ gros ” éditeurs) ont souvent tendance à snober. Considérée comme un genre à part entière chez les Anglo-Saxons, l’histoire courte arrive rarement, en nos contrées, à séduire les marchands de papier. Question de mentalité, de marketing,... Le débat est ouvert pour longtemps encore. Mais il est des gens, comme François Manson, que les défis n’effraient pas. Responsable de l’atelier d’écriture du Club Présence d’Esprit, ce véritable passionné s’est mis rapidement dans la tête d’offrir un but ultime aux participants de son cursus : une anthologie. Un témoignage, une trace, du travail de ces auteurs parmi lesquels figurent sans doute, les Genefort, Calvo, Lambert ou Heliot de demain. François Manson, encore essoufflé par une telle aventure, nous en compte le détail.


Pourriez-vous me rappeler la genèse de cette anthologie ?



Elle a commencé à l’automne 1998, lorsque j’ai repris l’activité “ateliers d’écriture” du Club Présences d’Esprits. D’emblée, j’ai songé que l’horizon d’une publication pourrait fournir une motivation supplémentaire aux participants. À l’issue du stage d’une semaine à Cabourg en août 2000, j’ai voulu tenter l’expérience. Mais je n’ai pas obtenu une quantité suffisante de nouvelles pour constituer un recueil. Alors j’ai élargi ma demande auprès de tous ceux qui avaient participé à un atelier d’écriture du Club. L’idée était de fournir à chacun (y compris votre serviteur) une motivation sérieuse pour retravailler son ou ses textes, tant il est vrai que ce travail de réécriture est le plus difficile à aborder lors d’un atelier en temps limité. C’est pourquoi j’ai sollicité les auteurs qui ont animé des ateliers et ils ont eu la gentillesse d’accepter de lire et de corriger ces nouvelles.


Le choix des textes à y inclure a-t-il été complexe ?


Oui et non. Je voulais à la fois tirer le niveau vers le haut et donner leur chance à tous. Je n’avais pas limité le nombre de textes par personne, afin de pouvoir choisir le meilleur pour chacun.


Très vite, il est apparu à Philippe Pastor, Christian Vilà, Christophe Thiennot, Yohan Vasse et moi-même qu’il aurait été injuste de restreindre la sélection à un seul texte par auteur. En effet, certains en proposaient cinq, d’autres un seul, dont la qualité n’était pas toujours meilleure que celles des premiers. Nous nous sommes limités à deux textes par participant.


Parmi tous les textes reçus, deux se sont avérés vraiment insuffisants, mais les auteurs n’ont pas souhaité les reprendre ni pu en proposer d’autres. Quelques nouvelles ont été acceptées sous réserve d’améliorations considérables. Un auteur dont le texte convenait a préféré le retirer, parce qu’il n’en était pas satisfait. Le plus difficile a été de choisir entre certains textes des participants qui en avaient soumis plusieurs.


Quel choix avez-vous opéré concernant les illustrateurs ?


Cela m’intéressait que chaque texte soit illustré par un illustrateur amateur, membre du Club PdE. je voulais conserver une certaine unité graphique, tout en déclinant les “genres” dont relevaient nos textes : Science-fiction, Fantastique et Fantasy. Seuls Frédérique Berthon et Yohan Vasse ont relevé le défi. Ils se sont ensuite partagé le travail selon leurs affinités.


Pour la couverture, j’avais sollicité très tôt Jeam Tag, dont j’avais apprécié certains travaux et avec qui j’avais sympathisé. J’espère qu’il me parle encore...


On retrouve dans cette anthologie l’un ou l’autre professionnel de la SF, comment leur présence s’explique-t-elle ?


Le projet de cette antho consistait aussi à montrer ce que sont les ateliers du Club. La présence des auteurs professionnels était toute naturelle. Leurs textes constituent autant de respirations plus théoriques entre nos récits, de réflexions sur l’écriture, les ateliers, la SF, etc. De même, la chronologie des ateliers (en fin de volume) fournit les sujets des travaux d’écriture qu’ils nous ont proposés. Le lecteur peut ainsi aller de l’exercice au résultat final, ou inversement.


Ces auteurs ont livré qui leurs réflexions, qui leurs ateliers, qui un récit, qui un entretien. Tous n’ont malheureusement pas pu participer, mais je les remercie quand même pour les séances qu’ils ont animées.


Cette antho répondait-elle à un manque de support pour la nouvelle et les textes courts dans le milieu de la SF ?


Je ne pense pas qu’on puisse réellement parler, à l’heure actuelle, d’un manque de supports pour les textes courts. De nombreuses revues et collections d’anthologies existent (chez Nestiveqnen, l’Oxymore ou l’Œil du Sphinx en particulier), qui ouvrent largement leurs pages aux auteurs débutants. Mais c’est vrai qu’aucun “gros” éditeur ne prend ce genre de risques. Et puis comme je l’ai dit, l’idée était surtout de montrer l’aboutissement d’une activité importante du Club PdE, avant tout moyen d’expression de passionnés, dont la vocation première est la promotion de l’imaginaire sous toutes ses formes.


Votre définition de la SF en tant que “grand ordonnateur” de cette antho, quelle est-elle ?


Ma définition est historique. Je dirais que la SF est l’avatar actuel d’une forme de littérature qui s’inscrit dans une attitude positive face à l’extraordinaire. Cette attitude a séparé dès l’Antiquité (et cela au sein même de visions du monde qui pouvaient être religieuses) le Merveilleux – acceptation naturelle, immédiate de l’extraordinaire – et le Fantastique – réaction négative face au surnaturel, à l’impossible, qui mène au refus de comprendre, à la remise en question de sa propre identité et de la réalité consensuelle.


Bien sûr, la SF contemporaine est transgénérique et depuis longtemps des auteurs se sont empressés de mêler les influences et les techniques de genres voisins. Néanmoins, la SF reste l’héritière du Merveilleux, via le “merveilleux scientifique” : pour être accepté, l’impossible ou l’extraordinaire doit être rationalisé, l’Autre intégré au Même dans une dialectique somme tout hégélienne. La Fantasy est l’avatar moderne, pour adultes, du Merveilleux des contes et des légendes. La SF au sens large participe très largement de la littérature populaire, des récits de voyages et d’aventures.


La publication par souscriptions signifie-t-elle un manque d’intérêt de la part des maisons d’édition pour le support, ou simplement une envie de liberté par rapport au contenu ?


Au départ, c’est une envie de liberté éditoriale. Nous ne savions pas non plus si la qualité serait suffisante pour intéresser un éditeur professionnel, et ne voulions pas qu’un directeur de collection s’empare du projet, le dénature. Or un éditeur exige un droit de regard, c’est normal. Il a une ligne éditoriale, une collection. C’est pourquoi je n’ai pas démarché d’éditeurs au commencement. C’était un projet du Club Présences d’Esprits et devait le rester.


Ensuite, c’est vrai que sur la trentaine d’éditeurs sollicités, dont certains m’ont reçu cordialement et ont jeté un œil professionnel sur la première maquette de l’ouvrage, seuls les “petits” éditeurs ont accepté de prendre le risque d’un partenariat. Les “gros” éditeurs sont, à mon sens, prisonniers de leurs commerciaux et de leurs comptables. Ils n’éditent pas des livres, ils produisent des livres. Les passionnés compétents n’y sont pas les décideurs. Les auteurs débutants doivent faire leurs premières armes ailleurs. C’est dommage, en un sens.


L’origine, en partie, de cette antho, est un atelier d’écriture. Ce genre de “formation” n’a-t-elle pas tendance à normaliser l’écriture des élèves ?


Pas vraiment, puisqu’il s’agit d’ateliers au pluriel, et que des auteurs différents les animent, chacun avec sa sensibilité, son expérience, etc. Et puis d’emblée le rapport “maître-disciple” a été évité (sinon sous forme de boutades) Il n’a jamais été question de formation, ni de pédagogie, juste de partager une expérience et de progresser grâce à des exercices et à des critiques constructives. Les plus assidus ont progressé.


L’avenir vous pousse-t-il vers d’autres anthos de ce type... ou la SF serait-elle un simple point de départ vers des anthologies de textes d’autres nature ?


Je n’ai pas pour l’instant de projet de littérature générale. Je lis et j’écris surtout de la SF au sens large. Si j’ai quelques fers au feu, ils entrent dans ce cadre.


Le Club PdE éditera probablement d’autres anthologies, issues des ateliers d’écriture ou recueils des nouvelles publiées dans la revue ou lauréates du concours Visions du Futur. La réception qui sera faite à Esprits Mutants... en décidera en partie. La motivation et le travail des écrivains en herbe feront le reste.


L’anthologie sera diffusée et distribuée par Soleils-diffusion. Les libraires peuvent donc le commander auprès d’eux : 23 rue de Fleurus, F- 75006 Paris, Tél. : 01 45 48 84 62, fax : 01 42 84 13 36.





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