Anthologie présentée par Richard Comballot

7/10

Ce personnage, né en 1904, a régulièrement inspiré, depuis cette date, des créations diverses telles que BD, films, livres... Cependant, il revient en force sur la scène de l’imaginaire et suscite un regain d’intérêt, tant pour les concepteurs que pour le grand public. N’est-ce pas une méthode de mesurer la qualité d’une œuvre, sa capacité à perdurer, lorsque celle-ci donne toujours envie à d’autres personnes de se l’approprier avec une vision nouvelle et différente ? Après films, romans, parodies et autres types de créations, une anthologie s’imposait. Le public en rêvait, Richard Comballot l’a faite.

Il réunit vingt et un textes relatifs à l’enfant qui ne veut pas grandir, concoctés par un aréopage d’auteurs d’obédience les plus diverses. Cela donne un patchwork bigarré au possible où la variété apparente ne l’emporte pas, malgré tout, sur un côté répétitif, bien que chaque auteur ait donné le meilleur de lui-même pour présenter un Peter Pan différent. Mais l’espace de liberté de ces auteurs était malgré tout restreint. En effet, de quoi disposait l’écrivain ? : le héros, un enfant animé de la cruauté liée à cet âge, une fée, Windy qui tient les rôles de sœur, de mère, de souffre-douleur, les enfants perdus, Crochet et son crocodile ; les pirates et les sirènes ne sont là que pour le décor. Tout ce petit monde évolue dans Le Pays Imaginaire, aussi peu étendu qu’une principauté. Reconnaissons que cet univers verrouillé ne laisse guère de latitude à l’imagination créatrice pour s’envoler.

Pourtant les auteurs ont fait des efforts pour donner une vision intéressante des personnages et de leur environnement. Il faut citer particulièrement : Ces ailes que je n’ai jamais eues de Claude Marnier, une vision forte et terrible du sujet ; Le réveil du croco d’Ayerdhal, un texte déjanté, plein de fantaisie et d’humour ; Le Pays des enfants perdus de Stéphanie Benson qui en profite pour régler des comptes avec les valeurs de la famille et Super Pan et les morts qui rêvent de Jean-Pierre Andrevon, un texte plein de trouvailles où l’auteur, sur un ton badin, humoristique, conte les pires horreurs en prenant les Super héros en référence. Il ressort vingt et un textes axés sur Peter Pan, sur son ombre dont la lecture en continu devient monotone.
Une anthologie de qualité, mais à lire au compte-gouttes.

Serge Perraud

Les Ombres de Peter Pan, anthologie de Richard Comballot, Éditions Mnémos, collection Icares, mai 2004, 312 pages, 18 €