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Efìm Davydovitch Zozoulia fait partie des oubliés de la littérature russophone. Né en 1891 dans une modeste famille juive, il publie son premier récit fantastique, La Chute de la Ville Principale, en 1918, à l’époque de sa collaboration avec le journal Satyricon, peu de temps avant sa fermeture par le gouvernement bolchévique. En 1919 il signe un recueil de nouvelles fantastiques incluant Le Conte d’Ak et de l’humanité, fable sur les purges, mal reçue par la critique qui réprouve sa «  fantaisie [qui] répand [...] des relents acerbes de scepticisme intellectuel  ». Il reprend en 1923 la revue Ogoniok et dirige Biblioteka Ogoniok, un périodique publiant des classiques étrangers et des auteurs soviétiques tels qu’Alexis Tolstoï ou lsaac Babel. Dans les années 1930, il tente de publier une nouvelle satire camouflée dans un roman-feuilleton pour la jeunesse, La Fabrique d’êtres humains, narrant les aventures d’un entrepreneur fournissant l’URSS en «  hommes nouveaux  » créés à partir de cadavres, dont la publication sera interrompue prématurément. En 1941, âgé de cinquante ans, il se porte volontaire pour combattre sur le front de Moscou et meurt la même année d’une gangrène dans un hôpital militaire.

L’ouvrage réunit les cinq textes qui constituent le cycle complet des nouvelles fantastiques d’Efìm Zozoulia : La Chute de la Ville Principale, L’Atelier de l’Amour et de l’Humanité, Le Mobilier humain et Le Gramophone des siècles, introuvables en français, et Le Conte d’Ak et l’humanité. Écrites entre 1918 et 1919, en temps de guerre civile et de changement de régime, elles sont à la croisée de la satire, de l’utopie et de la dystopie. À la même époque, Evgueni Zamiatine rédigeait Les Contes de Theta, prémices de son roman Nous qui inspirera 1984 à Orwell, et surprenant parallèle aux textes traduits ici. Zozoulia aborde des questions de domination, de révolution, de purges, de positivisme politique. Malgré la gravité des thèmes, l’humour est une composante constante, qui n’est pas sans rappeler la veine de Zochtchenko. Une foule de petits personnages grotesques se presse en quelques pages, à peine esquissés et déjà pétris de contradictions. La médiocrité et la faiblesse le disputent au despotisme et à l’arbitraire. Seule exception : Le Gramophone des siècles, qui décrit une utopie du communisme advenu dans lequel les voix des bassesses humaines et des violences passées se seraient enfin tues.

Emma Lavigne est traductrice du russe depuis 2017. Sa première publication, Zahhâk, le roi serpent, de Vladimir Medvedev (2019, Noir sur Blanc), fut lauréate du prix Pierre-François Caillé de la traduction, décerné par la Société Française des Traducteurs. La Chute de la Ville Principale est sa deuxième publication.

Pol Boixaderas
Assistant d’édition.
Le Temps des Cerises
Extrait de sa lettre qui accompagne le livre envoyé en service de presse.

Feuilletage

Quelle joie de retrouver la maison d’édition le Temps des Cerises ! Avec un texte inédit d’un auteur du régime soviétique russe.
Ce texte est superbe. Citation : "On ne construit pas son bonheur sur des gens, sur leurs corps et leurs âmes, leur avilissement. Vous n’en tirerez rien !"
À lire absolument.

Alain Pelosato