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  Sommaire - DVD -  S à Z -  The Driller Killer
"The Driller Killer"
de Abel Ferrara

The Driller Killer

(1979, 92 minutes)
Avec : Jimmy Laine (pseudo d’Abel Ferrara), Carolyn Marz, Baybi Day
Scénario : Nicolas St John
Musique : Joseph Delia, Tony Coca Cola & The Roosters

Distributeur DVD : Opening
Langues : Français ou Anglais Mono (s/t : français,hollandais, espagnol)
Bonus : aucun

Résumé :

Reno, un jeune peintre new-yorkais, vit un ménage à trois en compagnie de deux jeunes femmes camées. Les répétitions incessantes et bruyantes d’un groupe punk local, les difficultés de l’existence, la fuite de sa copine et le refus de son nouveau tableau par un mécène homosexuel ont finalement raison de sa santé mentale. Armé d’une perceuse électrique, le jeune homme commence un véritable massacre.

Critique :

Premier film de Abel Ferrara, Driller Killer est une sorte de compromis entre le cinéma arty et underground et le slasher gore, un peu comme si Andy Warhol s’était mis en tête de réaliser un Vendredi 13.
Le résultat n’est pas très convainquant, malgrè quelques passages intéressants. Le film est, tout d’abord, languissant et souvent un brin ennuyeux, Ferrara meublant le vide par de fréquentes séquences au cours desquels un groupe punk de troisième zone répète une chanson minable. Une fois, ça passe, deux fois c’est limite mais ensuite on commence franchement à trouver le temps long.

Le cinéaste aime aussi multiplier les passages quasi-documentaires sur les sans-abris new-yorkais. On devine donc une certain critique sociale sous-jacente et une volonté de s’éloigner des clichés du slasher basique : au lieu de supprimer de belles jeunes femmes affriolantes, le tueur massacre ici des clochards alcooliques crasseux et souvent au trois quarts fous. Le genre d’individus dont nul ne se soucie, ce qui permet à Reno de poursuivre impunément ses méfaits. On peut penser que le cinéaste aime dénoncer l’Amérique des nécessiteux ou, plus cyniquement, envisager qu’il se vautre dans la crasse dans le seul but de choquer. De même, peut-on raisonnablement se demander ce qui motive vraiment Ferrara lorsqu’il dépeint une société marginale uniquement composée de camés, de punks, d’homos, d’artistes ratés et d’asociaux. Une certaine sympathie ou un regard écoeuré et un brin moralisateur ? Il est en tout cas difficile d’éprouver la moindre estime pour ces personnages, à l’exception de la paumée devenue bisexuelle et qui finira par retourner auprès de son ancien mec. Ferrara a toujours été un cinéaste controversé et le bonhomme n’hésite pas à verser complaisament dans les clichés commerciaux en multipliant les scènes de nudité et en jouant les voyeurs, tant lors des scènes lesbiennes que lors des crimes où le sang gicle à gros bouillons
C’est d’ailleurs Abel Ferrara lui-même qui incarne le dingue et on peut dire qu’il joue plutôt bien. Le reste de la distibution est correcte, sans plus. Le scénario, pour sa part, est fort convenu et pas vraiment passionnant, surtout que la fin est abrupte et laisse vraiment un mauvais goût d’inachevé dans la bouche.

Driller Killer fut longtemps classé dans la fameuse (et fumeuse) liste des video-nasties, ces film - soit disant - dangereux pour l’équilibre mental des spectateurs. Sans doute a t’il été ainsi catégorisé parce que ses auteurs ne posent pas de véritables jugements sur les actes du tueur fou. En tout cas cette classification a largement contribué à la réputation d’un film qui s’inscrit dans une tradition nettement mieux illustrée par Don’t Go In The House et surtout Maniac, sortis peu après.

En résumé, voici un petit produit fauché, raisonnablement gore et crasseux, qui en raison de son coté convenu et d’un manque de rythme flagrant, apparaît plutôt comme une curiosité réservée aux inconditionnels du réalisateur, lequel fera beaucoup mieux ensuite (L’Ange de la Vengeance, King of New York, Nos Funérailles, Body Snatchers, etc.)

Verdict : 5 / 10

Pizzoferrato Fred



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