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  Sommaire - Livres -  S - Z -  Le Chemin de la nuit, volume 1 : Nouvelles au fil du temps, 1953-1970
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"Le Chemin de la nuit, volume 1 : Nouvelles au fil du temps, 1953-1970 "
Robert Silverberg

Editeur :
Flammarion (24 mars 2002)
 

"Le Chemin de la nuit, volume 1 : Nouvelles au fil du temps, 1953-1970 "
Robert Silverberg



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“Je ne sais combien de nouvelles j’ai pu écrire. Il y en a peut-être un millier.” Ainsi débute l’introduction, écrite par Silverberg lui-même, à cette superbe anthologie que publie Flammarion. Puis, un peu plus loin : “Sur les milliers de mots que j’ai écrits au début de ma carrière, ce sont ces nouvelles-là - celles qui m’ont apporté une certaine satisfaction personnelle - que j’ai retenues pour ce premier volume de mes “nouvelles au fil du Temps”.


L’anthologie comportera quatre volumes dont les deux premiers sortent au mois de mars et en septembre. Le premier volume est intitulé Le Chemin de la nuit, d’après la nouvelle “The Road to Nightfall”, datant de 1954, et décrivant un New York hallucinant et mal famé, peuplé de... cannibales. Nouvelle forte, témoignant d’emblée du talent incontournable de Silverberg, même très jeune. Le second texte, “Opération Méduse”, de la même année, fut sa première nouvelle publiée, mais paraît moins surprenant. Au travers de ces 41 nouvelles, nous verrons ainsi osciller l’intérêt entre textes (déjà) remarquables et d’autres plus conventionnels. Silverberg, lauréat du “Most Promising New Author” aux Hugo de 1955, devint un auteur boulimique, écrivant 17 nouvelles en un mois (!), répondant à toute commande dans une effervescence incroyable, inlassable fournisseur de copie, seul ou avec d’autres tel Randall Garrett pour le très beau “Chants de l’été”. Cette période d’ébullition juvénile allait de pair avec l’admiration éperdue de certains aînés comme Robert Sheckley dont on sent l’influence dans “La Colonie Silencieuse” ou dans le très émouvant “Les Collecteurs”.


Quoique plus jeune, et n’appartenant pas vraiment à “L’Âge d’Or”, Silverberg écrit, pas vraiment expérimenté, des nouvelles bien dignes de ses aînés : “Le Chancelier de Fer”, “Le Sixième Palais” ou “En Bonne Compagnie” en témoignent. Et “Lever de Soleil sur Mercure”, transposé d’après une simple couverture de magazine, prouve à suffisance un brio incontestable.


Mais, et c’est là le plus impressionnant, bon nombre de ces textes (je rappelle que ce premier volume couvre les années 1954-1970) laisse déjà entrevoir l’immense écrivain qu’il deviendra, et certains peuvent être qualifiés de chefs-d’œuvre : ainsi le célèbre “Voir l’Homme Invisible” de 1962, “Les Colporteurs de Souffrance”, “Un Personnage en Quête de Corps” ou “Nous savons qui nous sommes”, toutes nouvelles centrées sur la solitude, l’isolement et le sacrifice, thèmes ô si humains que Silverberg développera amplement dans ses œuvres ultérieures.


Cette chaleur, cet attachement aux valeurs humanistes tempérées d’un humour souriant se retrouvera dans les charmants récits que sont “Le Circuit McAuley”, “L’Affaire des Antiquités”, “Carrefour des Mondes”, “L’épouse 91” ou l’admirable “Danse au Soleil” de 1968, sans oublier les fantasques “Passagers” de 1967.


Début des années soixante-dix, l’atmosphère s’assombrit et les deux dernières nouvelles du recueil annoncent ce changement (“Martel en tête” et “Trip dans le Réel”). S’ouvre l’époque des grands romans tristes que seront Les Monades Urbaines, Le Livre des Crânes ou L’Oreille Interne. La fabuleuse invention va se cibler, et devenir plus sévère. L’heure sérieuse a sonné.


En attendant, jouissons pleinement de ce Silverberg jeune et enthousiaste. Chaque nouvelle étant précédée d’une passionnante introduction de l’auteur, tous les amateurs de Silverberg et, plus largement, tous les amoureux de la SF classique devraient se précipiter sur cette parution exceptionnelle, et... commander les trois volumes suivants.


Le Chemin de la Nuit, Robert Silverberg, Éditions Flammarion, Traduction : Hélène Collon et Jacques Chambon, 700 pages.


Bruno Peeters





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