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  Sommaire - DVD -  G - L -  Les Sept vampires d’or
"Les Sept vampires d’or"
de Roy Ward Baker & Chang Cheh (non crédité)

Titre Original : The Legend Of The Seven Golden Vampires
Autre titre (USA):The Seven Brothers Meet Dracula

Interprètes :
Peter Cushing (Van Helsing)
David Chiang
Julie Ege
Shih Szu
John Forbes Robertson (Dracula)

Hong Kong / Grande Bretagne / 1974 / 86 minutes
Cotation : 7/10

Résumé :
Le professeur Van Helsing et son fils voyagent en Chine pour donner une série de conférence sur le vampirisme. Ils rencontrent une riche jeune femme décidée à financer leur expédition afin de découvrir un village maudit tombé sous la domination du comte Dracula. Sept jeunes gens, experts en arts martiaux et au maniement de l’arme blanche, décident de les guider jusqu’au repère du Comte, lequel règne sur sept vampires masqués ayant levés une armée de zombies. Ils sacrifient régulièrement des jeunes filles et font régner la terreur dans toute la région. Van Helsing et ses sbires auront fort affaire pour venir enfin à bout de Dracula.

Contexte :
Voici le dernier film que la Hammer consacra au mythe de Dracula. La série (débutée par "Le Cauchemar de Dracula" et poursuivie avec "Les Maîtresses de Dracula", "Dracula Prince des Ténèbres", "Dracula et les Femmes", "Une Messe pour Dracula", "Les Cicatrices de Dracula", "Dracula 72" et "Dracula vit toujours à Londres") trouvait là sa conclusion en ignorant superbement les deux épisodes précédents, situés à l’époque contemporaine. Très décrié par de nombreux spécialiste (le critique Kim Newman le considère comme le pire film de la Hammer !), cette production hybride est pourtant fort distrayante.
Il faut dire que la Hammer était, à l’époque, désespérément en quête de sang frais et tentait vaille que vaille de réactualiser un fond de commerce vieillissant mis à mal par l’horreur beaucoup plus graphique des gialli italiens, des thrillers comme "Last House On The Left" ou des productions style "L’Exorciste". La vénérable firme anglaise accommode donc les plats à toutes les sauces, transposant Dracula à l’époque moderne ("Dracula 72"), lui offrant une organisation secrète à la James Bond ("Dracula vit toujours à Londres") ou multipliant les séquences érotiques dans une trilogie consacrée aux vampires lesbiennes ("Lust For A Vampire" et ses dérivés) qui fit, à l’époque, forte impression.

En 1974, la mode est donc au kung-fu avec le triomphe de Bruce Lee et apparaît sur le marché une série de coproductions hybrides mêlant les arts martiaux au western ("La Brute le Bonze et le Karaté") ou à l’espionnage ("L’Homme de Hong Kong"). Pourquoi pas à l’horreur, doit donc se dire le boss de la Hammer ? Le résultat est - forcément - délirant, un peu pataud et quasi-culte.
Après un prologue en Transylvanie, situé en 1804, l’intrigue effectue un bond d’un siècle et nous voilà en Chine, où Peter Cushing tente de convaincre les incrédules de la menace vampire. La superstar chinoise David Chiang (à l’époque il avait déjà tourné vingt-cinq fois sous la direction de Chang Cheh, dont les classiques "Golden Swallow", "Vengeance", "Le Justicier de Shanghaï", et - surtout - l’insurpassable chef-d’oeuvre du Wu Xia Pian, le fameux "La Rage du Tigre") apporte son charisme, sa prestance et ses aptitudes martiales au film de Roy Ward Baker.

Les passages kung fu sont donc réalisés par le spécialiste incontesté Chang Cheh et les chorégraphies sont, elles, assurées par l’inévitable Liu Chia-liang, complice du cinéaste depuis le milieu des années soixante et futur réalisateur de quelques classiques du kung-fu comme "Challenge Of The Master", "Mad Monkey Kung Fu", "Shaolin Vs Ninja" et, surtout, la formidable trilogie consacrée à la "36eme Chambre de Shaolin".

Critiques :
Le film est soigné, malgré de nombreuses imperfections. Le scénario semble progresser de manière erratique, entre des passages rythmés et bien menés (ceux signés Chang Cheh et Liu Chia-liang ?) et d’autres beaucoup plus lents et académiques. Les effets spéciaux, pour leur part, sont affreux (comme en témoignent les chauve-souris en plastique absolument ridicules) et les maquillages terriblement mal fichus mais, bon, on ne va pas trop chipoter. Les affrontements martiaux sont assez violents, avec force jets de sang très rouge (celui, un peu irréaliste mais très graphique que l’on trouve dans les films de Chang Cheh) et les séquences kung-fu plutôt bien ficelées, même si elles ne s’intègrent pas toujours parfaitement à l’intrigue.
Les acteurs, eux, sont plutôt convaincants, même si David Chiang est légèrement sous-employé, tout comme Peter Cushing qui paraît largement en retrait. Sans doute devait-il se sentir un peu perdu, à soixante balais, au milieu de ces jeunes acteurs bondissants qui virevoltaient dans tous les sens. Il se contente donc d’expliquer les faiblesses des vampires ("En Orient ils craignent les crucifix mais ici ils doivent avoir peur de l’image de Bouddha") et de prodiguer de judicieux conseils ("frappez les en plein cœur !"). Quant à Dracula, il est interprété par un très théâtral John Forbes Robertson qui paraît souvent un peu limite et nous fait regretter la sobriété et la classe naturelle de Christopher Lee.

La photographie reste fort agréable, avec ses teintes très colorées (vert et rouge surtout) typique des seventies et les décors - fort kitsch avouons le - ajoutent aux charmes de l’ensemble. Les plus pervers noterons également cette séquence récurrente et inutile (du moins pour le déroulement de l’intrigue !) nous montrant les vampires torturer et tuer de jolies figurantes asiatiques dénudées fort bien pourvues par la nature. Les scènes durant lesquelles les vampires lèvent une armée de zombies caricaturaux, manifestement inspirés des EC comics, possèdent également une belle puissance évocatrice, à la fois frissonnante et un peu ridicule, dans l’esprit des séries B espagnoles et italiennes de la même époque. Et des futures réussites de la ghost horror kung fu comedy cantonaise, style "Mr Vampire" ou "L’Exorciste Chinois".
En résumé, il s’agit d’un spectacle bourré de défauts mais enthousiasmant et particulièrement rafraîchissant en ces temps de cinéma formaté et insipide. Le tout se suit donc sans ennui et avec un regard à la fois charmé, nostalgique et distancié. On n’y croit pas une seconde mais on s’amuse beaucoup. Pourquoi s’en priver ?

Pizzoferrato Fred



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