Plop, un roman sorti en 2002 en Argentine, traduit en français en 2011, réédité en poche cette année. Le cheminement d’un Groupe d’humains qu’une apocalypse indéterminée a reconduit à l’état primitif et, en parallèle, de Plop, un garçon malin et calculateur, et sa quête du pouvoir au sein de sa tribu. Un roman sauvage, brut, carnassier et boueux, une œuvre qui sent la crasse et la violence, qui ne fait finalement que rendre compte de la vie telle que l’homme la mène.
Difficile en effet de ne pas voir dans tous les mécanismes de corruption, de vengeance et de manipulation ainsi que dans les intrigues « politiques » menées au sein du groupe par Plop, un reflet de la nature humaine dans toute son ignominie. De ne pas être décontenancé face à cette représentation parfaite de la victoire de l’esprit (Plop fait partie des seuls privilégiés à savoir lire) contre le muscle pur et simple que représente le reste du Groupe. De ne pas s’effarer du schéma cyclique que répète cette humanité post-apocalyptique dans la reconstruction sociale qu’elle implique.
Dans un style extrêmement dépouillé parfaitement adapté à la déliquescence civilisationnelle que son œuvre représente, Rafael Pinedo construit avec Plop une vision post-apocalyptique picaresque impitoyable, une fiction subtile et provocatrice confinant à la subversion. Une charge humaine et sociale n’ayant rien à envier aux plus subversives des œuvres de science-fiction françaises ou américaines.

Lothaire Berthier

Plop, Rafael Pinedo, Folio SF, [pages], [prix]