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Les livres consacrés à Jules Verne et/ou son oeuvre ne se comptent plus, tout au plus pouvons nous noter que des aspérités restent encore et toujours inconnues du public. L’entreprise d’Eric Weissenberg est une tentative de plus pour donner un visage à cette oeuvre protéiforme et visionnaire, enrichie de documents passionnants qui donnent un panorama imagé et écrit de l’infini Vernien, un infini de situations enfermées dans la sphère close mais si poreuse d’un Dieu de l’aventure qui se serait pris un temps d’amour pour les aventures humaines surhumaines ou ces surhumaines aventures humaines aux pays des hommes aux bonnes et intrépides volontés. Verne est rentré dans les moeurs, dans les habitudes culturelles, les premières traditionnelles lectures de l’enfance, mais aussi et surtout dans les images archétypes des mémoires d’adultes émerveillés par le verbe de Verne, coulant, tels les fleuves éternels et tranquilles, au gré d’une science-fiction de la belle époque où les jupons de madame légèrement odorants de parfums au muguet s’éperonnent au contact des aventuriers vêtus de tweed anglais, moustache, chapeau haut de forme, montre à gousset, sous-marins des grands fonds, montgolfières et autres objets volants aux ailes de soie mécanisées. Weissenberg a une écriture délicate, respectueuse, avide de démontrer le prodige par l’exposition universelle de son oeuvre, de son aventure sans véritable fin. Expression générique, oui, Weissenberg a probablement raison. L’oeuvre de Verne est probablement le deus es maquina de l’agir, du pensé et de la découverte chez l’homme scientifique, l’homme aventurier et l’homme amoureux. Qui n’a pas éprouvé cette polyphonie universelle à la lecture de ses livres ???

Polyphonie des thèmes mais ramenées à un point nodal, celui des aventures extraordinaires, juste titre de la mythique collection Verne aux éditions Hetzel.

A la lecture de ce livre magnifique on pourra être émerveillé par la portée des livres du grand Jules Verne. Que ce soit au théâtre, ou au cinéma, à la télé ou sous forme d’objets dérivés et autre "Goodies", nous avons là une créativité sans limite qui s’est écoulée telle la lave d’un volcan le long des parois de la montagne des grandes espérances humaines et folies scientifiques, une langue bénissant la grande aventure scientifico-merveilleuse, par delà une éducation séculaire servie à tort par une époque baignée par l’antisémitisme et le racisme colonial avec lesquels, on le sait, l’auteur fut en présence.
Weissenberg nous entraîne avec douceur et amitié vers une exploration bibliophile à travers tout le siècle passé, ceci pour nous en montrer la fécondité et sa pérennité providentielle. Aux superbes couvertures et illustrations de Hetzel s’ajoutent des évocations de l’histoire de l’écrivain et de son oeuvre à mesure qu’elle se construit. De superbes photos de paysages entrecoupent les illustrations de livres, photos de films et jaquettes d’affiches de cinéma ou de thâtre, comme pour montrer, par ces irruptions dans les paysages du réel, la présence des créations de Verne, icônes de notre nature parcourue par les inventions folles auxquelles verne, tel De Vinci en d’autres contextes, accouchera de sa plume agile et aérienne. Photos des lieux consacrés par sa prose et mis en image par les illustrateurs du siècle Jules Verne, elles signifient un hyper réalisme mâtiné de ce fantastique scientifique porté par les éléments (l’eau, la lave, le feu) . Et à cette universalité des éléments invoqués par le verbe prodigieux de Verne, on découvre comme un secret, la tendresse et la cruauté. Fabuleux ! Jamais autre qualificatif ne fut plus adapté à cette oeuvre folle et belle, reposante et inquiétante.

Jules Verne un univers fabuleux, Eric Weissenberg, Editions Favre, 40 €.