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Sommaire - Interviews -  Pierre Morel réalisateur de Peppermint


"Pierre Morel réalisateur de Peppermint" de Marc Sessego


SFMAG : Comment le projet vous est-il arrivé ? Les canaux réguliers… l’agent ?
PM : Non, pas du tout. Enfin oui et non. J’ai rencontré le scénariste lors d’un rendez-vous organisé par les agents sans aucun but réel, juste pour faire connaissance, on s’est plutôt bien entendu, on a passé beaucoup de temps ensemble et il avait le pitch de l’histoire qu’il était en train d’écrire, mais qui n’était pas finie. Et je me suis dit « il y a un vrai potentiel, j’aime bien ». Un mois plus tard, il m’a envoyé la première version, et j’ai juste trouvé ça vraiment bien. Ensuite, les canaux réguliers sont rentrés en jeu, j’ai dit aux agents « ça j’aime bien », ils ont commencé à le mettre sur le marché, des productions se sont battues un peu pour l’avoir. Dès que ça a été acheté, les agents ont commencé à travailler pour le casting, les agents de Jennifer ont été intéressés, Jennifer l’a lu tout de suite, elle a voulu me rencontrer, on est tombé d’accord. Et tout ça s’est passé très vite en fait. Normalement ça prend des mois, mais là il n’a fallu que quelques semaines. C’est arrivé très vite… une espèce d’Ovni : tout s’aligne très rapidement et le projet prend vie, ce qui est rare à Hollywood.

SFMAG : Qu’est-ce qui vous a plus dans cette histoire ?
PM : Particulièrement le départ. Faire justice soi-même je ne suis pas pour... Je pense que ce n’est pas quelque chose de bien d’être soi-même l’avocat de la justice. La vengeance est un sentiment très noir et très négatif qui ne ramènera jamais personne à la vie… par contre, ce que peut faire une maman ou un être humain quel qu’il soit lorsqu’il est confronté au traumatisme énorme qu’est celui de la mort de sa famille qui se fait massacrer -et les responsables sont en liberté-, ça, ça me paraissait intéressant…
J’ai toujours besoin de faire des films qui ont un moteur émotionnel très puissant, quelle que soit l’action qui est dedans. Dès le départ, c’est ce qui m’a plus dans celui-là. Je ne voulais pas qu’elle se transforme en super héros, mais qu’elle soit juste un être humain normal confronté à un tel traumatisme qui la fait réagir de cette façon et se transformer en quelqu’un d’autre. C’est bien la même femme, avec la même tristesse et les mêmes émotions, transformée en une autre créature. Au-delà de sa volonté. C’est ça qui me paraissait intéressant.

SFMAG : Jennifer est sensationnelle dans le film...
PM : Oui, elle est sensationnelle, car elle est crédible avant d’être crédible en femme d’action et en maman. C’est comme Liam Neeson dans « Taken », avant de se dire est-ce qu’elle pourrait faire de l’action ? Est-ce que c’est vraiment elle le personnage ? Jennifer dans la vraie vie et dans ce qu’elle dégage… c’est un être humain exceptionnel, une mère de famille, une douceur et elle se lance à fond. Elle donne tout. Donc qu’elle fasse de l’action derrière ça c’était simple, elle le faisait avant, car elle avait fait « Alias », moi je cherche toujours à savoir qui est le personnage. Le personnage ce n’est pas une héroïne d’action, ce n’est pas une créature irréelle, c’est une mère de famille dans un drame épouvantable.

SFMAG : Jennifer ? L’avez-vous choisie… est-ce qu’on vous l’a recommandée ?
PM : Jennifer a lu le scénario, elle l’a reçu par ses agents, elle l’a lu, elle a été la première à l’avoir lu et elle a voulu me rencontrer tout de suite. Elle a été inspirée par le personnage tout de suite, elle a voulu me rencontrer tout de suite. On s’est rencontré, on a passé des heures à discuter du personnage dans un hôtel de Los Angeles, on est tombé d’accord et c’était comme ça. Et je n’ai pas cherché plus loin.

SFMAG : Aviez-vous pressenti d’autres actrices pour ce rôle ?
PM : Il y en avait plein d’autres, il y a toujours des listes quand on caste des films. Donc, forcément, il y a d’autres personnes qui ont été pressenties, on a envoyé le scénario à plein d’autres actrices, mais dès que je l’ai rencontrée ça a été évident.

SFMAG : Quel fut le plus gros challenge pour tourner à part, je crois, quarante-quatre jours de tournage seulement...
PM : Quarante-trois jours, oui c’était déjà rapide. C’était un challenge, tourner ça en neuf semaines c’était intense, mais bon quand on sait ce qu’on fait on y arrive… j’aurais bien pris trois semaines de plus, mais ça ne rentrait pas dans les cases. Finalement, cette urgence-là on la ressent quelque part et je pense que ce n’est pas mal. Ça se passe beaucoup la nuit donc c’est toujours plus compliqué, plus long, même si l’on se dit c’est Los Angeles il fait chaud ce n’est pas le cas, on a tourné juste au moment où c’était censé se passer juste avant Noël, il fait frais… tout est un challenge, tout est bien préparé, donc ça se passe sans problème.
C’était compliqué pour elle parce qu’il faut s’entraîner… s’entraîner physiquement d’abord, car il faut être au top de sa forme parce que c’est fatigant de tourner un film d’action : il faut refaire les séquences encore et encore, il faut connaître les chorégraphies par cœur, il faut s’entraîner au maniement des armes, et tout cela en restant dans l’émotion. C’était ça le challenge pour elle au niveau de son jeu, rester dans le ton, ne pas en faire une machine de guerre et garder la sensibilité quelle que soit la violence de ses actes.

SFMAG : Quand on regarde le film, on accepte toutes ses actions...
PM : C’est le but. Si on aime ce personnage, tout ce qu’elle fera on l’accepte avec. Mais il faut qu’on soit bien dans le même traumatisme qu’elle au départ. Il faut que l’oncomprenne ce qui lui arrive, qu’on soit dans le même sentiment et une fois qu’on est dans le même sentiment on a les mêmes motivations derrière. C’était l’idée.

SFMAG : Quelle fut la séquence la plus difficile à tourner ?
PM : La plus dure à tourner, émotionnellement, c’est celle où la famille se fait tuer. Je ne voulais pas en faire un truc voyeuriste, je ne voulais pas en faire une scène d’action, je voulais que ce soit un côté presque irréel. Quand on est dans une situation traumatique qu’on a vécue, normalement tout est un peu distendu, on ralentit… je ne la voyais pas du tout comme une scène d’action, je voulais la découper comme une scène qui du coup est encore plus violente psychologiquement. Elle n’est pas si violente que ça visuellement, mais du coup nous sommes dans son regard à elle, on n’est pas spectateur… je ne voulais pas faire de gros plans d’impacts sur la petite fille, je voulais toujours être dans son point de vue à elle. De ce fait, on est dans l’émotion pas dans le voyeurisme. Ensuite, quand on est dans la deuxième partie du film action, là on peut y aller.

SFMAG : En plus le film a un montage d’enfer...
PM : Parce que j’ai un monteur d’enfer. Je travaille toujours avec le même, les films sont toujours faits avec Frédéric Thoraval qui est mon monteur depuis toujours, c’est un mec génial, qui a une grande sensibilité et qui arrive à sortir des trucs absolument superbes. C’est toujours le même. Ne pas juste être dans le spectacle, être juste ce qu’il faut. Je suis content que vous l’ayez remarqué.

SFMAG : Pourquoi faites-vous autant de films d’action avec un côté très humain ?
PM : Parce qu’ils ont un côté humain. J’aime bien l’action en tant que spectateur, ça me fait marrer, mais j’aime bien aussi le côté humain. Attention, j’aime les films de super héros, les mecs qui volent ça me fait rigoler. De par ma sensibilité, je me sens plus proche de l’être humain que du super humain. J’en trouverai peut-être un qui va me plaire un jour, je l’espère d’ailleurs, mais j’aime bien ce côté fragile de l’être humain.

SFMAG : Aimeriez-vous changer de registre, de genre ?
PM : J’adorerais. J’aimerais par exemple faire de la science fiction. J’ai essayé, il y a des années, j’ai préparé « Dune » pour Paramount, mais cela ne s’est pas fait. C’est mon camarade, Denis Villeneuve, qui est maintenant sur le coup et j’espère qu’il va bien y arriver. C’est un truc génial. Je voudrais faire de la science fiction, j’adore la science fiction, pas avec des monstres, avec des questions « C’est quoi l’avenir de l’humanité », « le futur de l’homme », « ce qu’on va devenir ». J’adorerais. Également une comédie un jour… j’aime bien rigoler donc pourquoi pas une comédie. Il faut juste trouver le bon scénario. Je ne suis pas marié aux films d’action j’adore faire ça, faire exploser les choses et faire « bim bam boum ». Parce que c’est kiffant. Je suis totalement ouvert à toute autre chose. Je cherche d’ailleurs.

Propos recueillis par
Marc Sessego
le 1er septembre 2018.
Sincères remerciements à Pierre Morel ainsi qu’à Olivia Malka pour avoir organisé l’interview.

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