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  Sommaire - Films -  M - R -  Mr Wolff (The Accountant)
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"Mr Wolff (The Accountant) " de Gavin O’Connor

 

Scénario : Bill Dubuque
Avec : Ben Affleck, J.K. Simmons, John Bernthal, Anna Kendricks, John Lihtgow, Jeffrey Tambor
Distribué par Warner Bros. France
130 mn - Sortie le 2 Novembre 2016 - Note : 9/10
Mr Wolff est très réservé, limite asocial. Et il exerce avec un talent phénoménal le métier de comptable. Talent phénoménal car les chiffres, les comptes, les détournements, les placements sont pour lui d’une simplicité naturelle. Car Mr Wolff est atteint d’une forme d’autisme qui en contrepartie lui assure cette forme de super-pouvoir. En même temps, Mr Wolff est un « nettoyeur », un tueur à gages au service du plus offrant, et où là encore, ses qualités dans cet « art »font de lui une arme fatale. En même temps qu’une enquête fédérale est ouverte sur lui car il est présent en bien des lieux où les hautes sphères du crime organisé se réunissaient également, Mr Wolff se voit confier une mission professionnelle « normale » : éplucher la compatibilité d’une multinationale où des millions de dollars disparaissent. Aidé de la jeune stagiaire de la boite qui a découvert cette malversation, Mr Wolff va devoir user de tous ses dons pour rester envie, continuer ses métiers à sa façon, et renouer avec une part sombre de son passé.
Un polar noir aux premières impressions de déjà-vu. Et pourtant, très vite, « Mr Wolff » se dévoile, et révèle des faces cachées qui élargissent son histoire, l’enrichissent, au point d’obtenir au bout du compte un mélange des plus originaux et réussis formant un cocktail d’action, de thriller, de drame, d’émotions, le tout avec un soupçon d’immoralité qui achève de faire de ce film une excellente réussite dans le genre, là où on l’y attendait pas. Ecrit pourtant par le scénariste du « Juge » - Robert Downey Jr en avocat défendant son juge de père accusé d’un homicide involontaire… Très oubliable – et pour qui « Mr Wolff » constitue le second ouvrage, légitimement, on n’en attendait pas grand-chose. Sauf qu’il ne faut pas faire d’un cas une généralité, et qu’en plus, derrière la caméra, on retrouve un habitué de films assez noirs et tordus, Gavin O’Connor. O’Connor, on lui doit un très bon polar urbain sur les liens de sang des flics (« Le prix de la loyauté » avec Colin Farrell), on lui doit le remarquable drame fraternel qu’est « Warrior » avec Tom Hardy et Joel Edgerton. Bon on lui doit aussi une biographie sportive, « Miracle » avec Kurt Russell arborant une moumoute pas possible en entraineur de hockey. Et on lui doit aussi un des plus grands flops commerciaux de l’an passé, le western « Jane got a gun » dont les recettes se terminèrent à hauteur d’un million et demi de dollars… Ouaip, ça fait mal sur un CV… Mais « Jane got a gun » est en plus loin d’être mauvais. Qu’importe, revenons au bonhomme : avec « Mr Wolff », O’Connor est en terrain connu : du polar, des sentiments, et surtout, l’étude des liens familiaux et plus précisément fraternels. Avec un tel scénario, tout autre aurait pu se vautrer. O’Connor lui, maitrise chaque sujet, arrive à les cimenter, même avec une construction pourtant chaotique de prime abord mais qui renforce finalement chaque pan de vie de ces histoires pour n’en faire qu’une, où il y est question d’un flic à la carrière construite de toute pièces par un tiers, où les sociétés familiales n’empêchent pas l’égoïsme et la cupidité, où l’enfance est blessée et meurtrie par les déchirures des adultes, où les plus anormaux sont finalement les plus normaux, où deux frères pourtant liés du plus fort lien les unissant se perdent et se retrouvent tout en se cherchant individuellement et en exerçant une activité qui exorcisera inconsciemment leurs traumas. De tout cela nait un film hybride et pourtant achevé, où on ne sait pas vers où aller, où on ne doit surtout pas se fier aux apparences, avant de découvrir toutes les vérités, après avoir découvert petit à petit chaque pièce d’un puzzle qui finit par aboutir à un film un peu hors normes, fascinant à plus d’un titre, où Ben Affleck surprend comme jamais, en endossant la peau de ce personnage insaisissable, révélant donc au final une œuvre bien plus puissante que prévue. Respect pour les artistes, et surtout à Gavin O’Connor qui a magnifiquement su relever le défi.

Stéphane THIELLEMENT

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123 ans de cinéma fantastique et de SF : Essais et données pour une histoire du cinéma fantastique 1895-2019



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