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  Sommaire - Films -  S - Z -  The Witch (Id.)
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"The Witch (Id.)" de Robert Eggers

 

Réal. & scénariste : Robert Eggers
Avec : Anya Taylor-Joy, Ralph Ineson, Kate Dickie, Harvey Scrimshaw, Lucas Dawson.
Distribué par Universal Pictures International France
92 mn - Sortie le 15 Juin 2016 - Note : 8/10

Le film sensation de l’année. Un buzz incroyable depuis Sundance – où il rafla le prix de la mise en scène -, un scandale à Gerardmer d’où il ne repartit qu’avec le prix du jury SciFi, bref une réputation grandissante au fil des jours et des nuits qui fit qu’on n’en dormait plus, il fallait voir « The Witch ». C’est fait. Comment dire… Ce n’est pas une arnaque à la « Paranormal Activity » et autres « Blair Witch Project ». Déjà, ce n’est pas un found-footage. Maintenant, cette réputation est-elle méritée ? Disons qu’entre ces deux extrêmes, « The Witch » trouve sa vraie place. L’inconvénient, c’est que cela n’arrive pas tout de suite. L’avantage, c’est que le film laisse une indéniable empreinte sur l’esprit, qu’on cherche à comprendre pourquoi il nous hante ainsi, et qu’au bout du compte, chacun émettra sa solution mais que tout cela s’avère très intelligent, surprenant, et surtout à ne pas prendre au pied de la lettre, ni au premier degré. Il faut voir plus loin, retourner dans le passé, avec notre regard d’aujourd’hui. Et là, oui, au bout du compte, « The Witch » trouve enfin sa réelle identité, et justifie peut-être pas avec la même ferveur que certains, la réputation qui est sienne depuis quelques mois.
En Nouvelle-Angleterre, en 1630, William et Katherine se voient banni de leur village avec leurs trois enfants, les jumeaux Jonas et Mercy, le cadet Caleb et l’ainée, Thomasin. Mais suite au décès violent de Caleb, et à une suite d’évènements qui s’abattent sur eux, William et Katherine exacerbent leur croyance religieuse au point de crédibiliser de la sorcellerie dans leur quotidien. Mais le pire reste à venir…
Techniquement, c’est une œuvre d’art, un travail incroyable sur la photographie, limite à la lumière du jour et des bougies. Une reconstitution d’époque impressionnante, des acteurs au diapason de leur rôle, même les enfants… Et pourtant, même si l’intriguant et le mystérieux côtoient l’inquiétant, on a du mal à rentrer dans cette histoire. Peut-être à cause de ce fameux buzz qui en fait trop par rapport à ce qu’on en découvre. Et surtout, le dévot fanatique lasse vite, et force est d’admettre qu’aujourd’hui, difficile de croire encore à de tels sujets sauf si les effets chocs sont là, et encore, ce sera pour donner un sens rationnel à tout ça. Comprenez que ce grand cornu, fourchu qu’est Belzebuth ou quel que soit le nom qu’on lui donne, laisse de marbre. Pourtant, le Mal existe, et si « The witch » sort de l’ordinaire, c’est parce qu’au bout du compte, sa démonstration est très intelligente et subtile. A savoir qu’on y parle de frustration, d’éveil sexuel, de fanatisme religieux, de puberté… Et que toute belle qu’elle soit, Thomassin peut contenir en elle des forces inconnues qui aujourd’hui auraient un sens ou une réalité mais qui en 1630, ne sont juste que des signes de sorcellerie ! Alors oui, en acceptant le film sous cet angle, son fantastique gagne en puissance, par son scénario, ses acteurs, ses idées, ses ambiances, ses signes et ses sources de peur, d’inconnu. Et au bout du compte, il faudra revoir « The witch » pour se faire confirmer ses qualités de toutes sortes qui en font effectivement un des meilleurs films du genre vus depuis longtemps. Mais de prime abord, encore une fois, ce n’est pas gagné d’avance…

Stéphane THIELLEMENT

Interview de Robert Eggers par Marc Sessego et autre chronique par Andrée Cormier dans Sfmag No 92 en kiosques jusqu’au 15 septembre
http://www.sfmag.net/une.php



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