7/10
Ernest Fielding, jeune écrivain ambitieux, est fasciné par Reginald Clarke, comme le furent avant lui le peintre Ethel Brandenbourg et Abel Felton, jeune garçon talentueux. Mais alors que ceux-ci ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes, le génie de Reginald Clarke brille plus que jamais sur New York et domine le monde artistique et culturel de ce début de 20ème siècle. Tout admiratif qu’il est, Fielding n’en est pas moins extrêmement surpris quand il entend Clarke lire sa nouvelle pièce de théâtre qui est exactement celle qu’il a mentalement écrite. Avec l’aide d’Ethel Brandenbourg, le jeune écrivain comprend peu à peu que Clarke appartient à cette sorte de vampires que l’on dit psychiques : il peut absorber l’énergie créatrice d’autrui.
Ce texte de 1907 trouve ici sa première traduction française grâce à l’heureuse initiative de Jean Marigny, notre grand spécialiste ès vampires. Non seulement il fait date en matière de vampires psychiques, thème relativement peu abordé en littérature comme au cinéma, mais il se lit de plus avec plaisir, même s’il peut paraître daté sur certains points (la grandiloquence du ton, les relations amoureuses entre les personnages...). L’angoisse du jeune Fielding n’en est pas moins poignante et crédible car Viereck sait manier les accents du doute et les arcanes de la peur. Ses tentatives désespérées pour retrouver son intégrité intellectuelle et sauver son ami ont le charme envoûtant des causes perdues d’avance, auxquelles on croit pourtant. Une lecture agréable fleurant bon le passé et le maléfice.
Sandrine Brugot Maillard
La maison du vampire (House of the vampire) - George Sylvester Viereck - traduit de l’anglais (américain) par Jean Marigny - La Clef d’Argent - novembre 2003 - 123 pages - 15 euros