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  Sommaire - Films -  M - R -  Midnight Special (Id.)
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"Midnight Special (Id.)" de Jeff Nichols

 

Ral. & scénario : Jeff Nichols
Avec : Michael Shannon, Joel Edgerton, Kristen Dunst, Jaeden Lieberher, Adam Driver, Sam Shepard
Distribué par Warner Bros. France
111 mn - Sortie le 16 Mars 2016 - Note : 9/10

De la part du cinéaste à qui on doit l’oubliable « Take shelter » mais aussi le formidable « Mud », on ne s’attendait pas à un tel film. De la science-fiction, avec un traitement orignal et inédit, qui rappellera à beaucoup certaines références dans le genre, mais qui final donne à ce film un statut très particulier, envoûtant, étonnant, fascinant.
Au Texas, un enfant est enlevé. Il s’appelle Alton, il était au sein d’une secte, et son ravisseur se nomme Roy, c’est aussi son père. Aidé par un ami, Lucas, Roy emmène Alton voir sa mère pour ensuite le conduire quelque part où quelque chose va arriver. Car Alton est très spécial, et son seul salut se trouve en ce lieu précis, à une heure précise. Mais avant il faut échapper à des fanatiques, à des policiers, à des agents secrets, et même aux gens qui sont loin d’imaginer la vérité…
Comment dire, tout cela semble mystérieux, nébuleux ? Et ça l’est, et pour une fois, cela confère toute la force de cette histoire qui autrement va rappeler des classiques de la science-fiction tels que « Rencontres du 3ème type », « Starman », « X-Files », etc… mais juste rappeler. Car très vite, le scénario de Jeff Nichols va prendre le dessus et s’affirmer. Ne donnant pas de réponses, laissant le spectateur accepter ce qu’il voit, trouver lui-même les enjeux, ne pas chercher à savoir le pourquoi du comment, car tout n’est affaire que de temps, pour sauver un enfant. Un enfant que protège son père et sa mère, aidé d’un policier gagné à leur cause, un enfant qui risque s’il est « sauvé » de servir d’expérience, ou d’icône religieuse à des illuminés. Et le film de se confondre alors avec un road-movie où l’émotion peut surprendre là où on ne s’y attend pas, où des sentiments primaux peuvent avoir plus d’importance que des explications, où on est mis face à des situations où pour une fois, la notion de sacrifice gagne en force et nécessité. Jeff Nichols maintient jusqu’au bout ses mystères qui peu à peu vont vers une incroyable vérité, mais sans pour autant donner d’explications cartésiennes sensées rassasier tout esprit qui veut savoir. La force de son film, c’est d’y arriver juste par des révélations, des personnages – bons et mauvais -, des sentiments humains qui font que tout cela nous semble normal et crédible, au point qu’on ressent juste le besoin de protéger ceux qui le méritent sans savoir le pourquoi du comment. Arriver à jouer sur de tels enjeux avec juste des questions et interrogations qui n’aboutiront jamais n’est pas chose aisée, le risque de lasser étant souvent le grand vainqueur. Il n’en est rien ici, et tout concourt à cette réussite. Même Michael Shannon, acteur pas facile d’approche, est en état de grâce, poignant comme jamais en père digne de ce rôle, donnant par sa relation avec son fils, la plus forte puissance émotionnelle du film. Et pour sa première incursion dans le genre, Jeff Nichols fait du neuf avec du vieux, semble possédé par son scénario, le maitrisant jusqu’au bout, servi par une mise en scène en parfaite osmose, tant sur le mélodrame que sur la science-fiction pure – et là aussi, quelque part, il y aura de l’inédit - le tout servi par des interprétations parfaitement rigoureuses pour chacun, et l’ensemble cimenté par une musique aux accents « Carpentériens » qui finit d’achever en beauté « Midnight Special » avec cette sensation d’avoir vécu une nouvelle expérience dans le genre. Et d’avoir vu le meilleur film d’un cinéaste dont on ne pensait jamais voir un jour une telle œuvre.

Stéphane THIELLEMENT



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