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  Sommaire - DVD -  S à Z -  The Gallows (Id.)
"The Gallows (Id.)"
de Chris Lofing & Travis Cluff
 

Réal. & scénario : Chris Lofing & Travis Cluff
Avec : Reese Mishler, Pfeifer Brown, Ryan Shoos, Cassidy Gifford.
Warner Home Vidéo

Le vaste genre du Fantastique possède des sous-genres eux-mêmes divisés en sous-genres. Par exemple, dans l’Epouvante, on trouve le slasher (« Vendredi 13 »), le home-invasion (« Mother’s Day ») et le dernier en date, le found-footage. Là, ce qui n’aurait dû durer que le temps d’un film, perdure, pour le meilleur… Non, quasiment jamais. Pour le pire : oh oui. Pourquoi une telle longévité ? Parce que ça ne coûte rien – en termes de budget cinématographique -, et ça rapporte minimum plus de dix fois la mise ; maximum, quarante mille, voir cent mille fois plus. « Blair witch project » n’a coûté que 60.000, 00 dollars, au final, en recettes mondiales, il en a rapporté deux cent quarante millions. « Paranormal Activity » est celui qui relança l’activité, et depuis, ça n’arrête pas. Le problème, c’est que tous ces films sont souvent d’immondes purges qui font honte au septième Art. Regardez « Paranormal Activity » : fini depuis deux ans, dans un tiroir, Spielberg le voit, lance un « Retravaillez la fin… », et hop, bingo ! Bon, on passera sur l’exécrable promotion française où certains se sont vendus à la télévision en faisant passer ce navet pour un chef-d’œuvre – distributeur de l’époque associé à un journaliste connu, m’en souviens encore de leur prestation pourrie ! -, on passera sur l’efficace bande-annonce où on nous montre en caméra cachée un public terrifié d’une salle projetant l’œuvre, mais ça ne change rien, le résultat est là, ça cartonne. Et pourtant, c’est immonde et bête à un point !... Seule rare réussite, la seule même, venue d’Espagne, « Rec » de Jaume Balaguero et paco Plaza. Mais là, on monte dans la qualité avec deux cinéastes dignes de ce nom, et non pas des tacherons. Bref, à force, la genre nous montre ses nouveaux avatars, les limites ont été atteintes depuis le premier rejeton du genre, mais il n’empêche, on continue, rentabilité oblige.
« The Gallows » (soit « Les potences », « Les gibets », si ça intéresse quelqu’un…) ne déroge pas à la règle. A la base, deux étudiants qui font un film d’épouvante au sujet qui tient sur une feuille de papier cigarette dans le sens de l’épaisseur, avec des acteurs universitaires qui il y a dix ans, lors de la représentation d’une pièce, veulent faire une blague qui tourne mal, puisque s’achevant sur la mort d’un des acteurs. Vingt ans plus tard, la pièce est ressuscitée, on parle de la malédiction de l’acteur mort, Charlie, dont il faut taire le nom, mais tout semble être bon pour que le spectacle renaisse de ses cendres. Cependant, quatre jeunes dont l’apprenti cinéaste qui filme tout depuis le début, décident de passer la nuit sur le décor pour le détruire et ainsi empêcher cette pièce de se jouer. Sauf que l’un d’eux appelle Charlie, et que ce dernier va leur faire comprendre qu’on ne joue pas impunément avec les malédictions.
Un résumé qui rappelle bon nombre de slashers – milieu universitaire, mauvaise blague qui tourne au drame, vengeance d’outre-tombe, etc… - sans oublier un emprunt pas très discret à l’excellent « Candyman ». Qu’importe : dans les bonus, les deux scénaristes-réalisateurs reconnaissent qu’ils ont voulu faire ça pour le fun, filmant ainsi une vraie fausse frayeur le temps d’une nuit à certains de leurs camarades, étoffant (!!!) peu à peu le récit, pour le montrer à des producteurs, et là ils tombent sur Jason Blum, le plus grand producteur du genre à l’heure actuelle (les « Insidious », « Sinister », et tous ceux qui sortent directement en vidéo, sans oublier « American nightmare » et aussi parfois, du sérieux comme avec l’excellent « Whiplash », lequel revend ça chez Warner et hop ! Le tour est joué, les deux lascars revoient leur copie, sortent le film à la carrière timide mais quarante millions de dollars de recettes, pour un budget quarante fois moindre, c’est Byzance ! Et le film dans tout ça ? Bah, un found footage un poil moins nul que ceux cités plus haut, Lofing et Cluff étant conscients des défauts du concept depuis le temps – et encore, ils n’échappent au ridicule de certaines situations ! - , mais servant une histoire misérabiliste qualitativement, qui ne renouvelle rien. Quant aux effets chocs, non, c’est du très sage, on en fera pas des cauchemars. Car il faut admettre que nos deux compères ne sont pas des cadors du genre, et que c’est bien beau de copier les autres, mais c’est encore mieux en intégrant tout ça dans quelque chose d’inédit, savamment mis en place. Donc, petit film d’épouvante, qu’on mettra au-dessus de n’importe quel « Paranormal Activity » mais sans pour autant renouveler ou améliorer vraiment ce sous-genre quand même destiné à disparaitre très vite au vu de ses très petites limites.
Par contre, le film se rattrape avec une édition Blu-ray très riche et complète : même si c’est parfois du n’importe quoi dans les modules de making-of – on veut nous faire croire que tout cela est vrai, c’est c’la, ouiiii…. - , on a quand même droit à la version d’origine du film – oui, je suis d’accord, faut avoir du courage pour se retaper le film, donc laisser passer une journée… -, très très proche de l’actuelle sauf dans la fin. Bon, ça ne change rien, le film reste d’un niveau très limité, sans pour autant être un pur navet. Disons que dans le genre, lui au moins se laisse regarder, même deux fois. La nostalgie du slasher sans doute !

Note film : 4/10
Blu-ray : copie excellente, format d’origine 1.78, image 16/9ème - 80 mn.
Bonus : 10/10 : version originale de « The Gallows » ; Charlie : toute école a son esprit ; « Gallows » : survivre à la corde ; scènes coupées ; bêtisier ; bande-annonce.

Stéphane THIELLEMENT



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