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Sommaire - Interviews -  David Twohy Réalisateur des Chroniques de Riddick


"David Twohy Réalisateur des Chroniques de Riddick" de Marc Sessego


Interview David Twohy
“The Chronicles Of Riddick”

J’avais précédemment rencontré David sur le film "Below". Ce fut donc un très grand plaisir de le revoir. Très réfléchi et adorant l’écriture il nous fait partager son enthousiasme pour "Pitch Black" et la suite des aventures de son personnage, Riddick, interprété par son ami Vin Diesel.-----

MS : David, Comment allez vous ce Matin ? C‘est un plaisir de vous revoir nous nous sommes déjà vus pour....

DT : Pour “Below” n’est ce pas ?.

MS : Tout a fait. Pourquoi avoir écrit une suite aux aventures de “Riddick” ?.

DT : En fait j’ai écrit un synopsis de quelques pages juste après “Pitch Black” car j’avais toujours les personnages en tête. Je l’ai envoyée à Universal et ils m’ont dit que cela reviendrait trop cher et que ce n’était vraiment pas conventionnel comme suite... De plus "Pitch Black" n’a pas "cassé la baraque" au box office (nombre des entrées, ndlr) et n’a donc pas ramené autant d’argent qu’ils l’avaient escompté.

MS : C’est pourtant un excellent film qui est désormais devenu in film “culte”.....

DT : Tout à fait et j’en suis très fier mais à la vue du résultat des entrées ils m’ont dit qu’ils n’étaient pas prêts de faire une suite.... ça c’était il y a 3 ans.

Depuis, Vin est vraiment devenu "Riddick" pour le public, les chiffres de vente de "Pitch Black" en dvd sont un succès, et beaucoup de monde en parle : c’est le marché actuel sur “Pitch”. Aussi, Universal nous a recontactés et ils nous ont demandé si nous étions d’accord pour faire une suite... Ils se souvenaient que j’avais écrit quelque chose la dessus et voulaient relire mon synopsis. Quelque temps après ils m’ont dit que c’était bon et voila comment sont nés les “chroniques”............

MS : J’ai vu le film vendredi soir et sincèrement je pense que c’est exactement ce qu’aurait dû être les nouveaux "guerre des étoiles"

DT : Merci beaucoup, et bien dites-le à tout le monde !!!!!! J’ai fait très attention à ne pas faire ce que tout le monde attendait, je ne voulais pas retourner sur la même planète et refaire le combat avec les créatures, trouver la reine mère et tout faire exploser....

MS : Je crois que l’on a déjà vu ça quelque part............

DT : Bon, ce n’est pas que James Cameron l’ait mal fait, au contraire "Aliens" est excellent, je ne voulais simplement pas aller dans cette direction....

Voila en fait quelle était notre idée : "Pitch Black" est un film d’horreur, parce que ses personnages s’écrasent sur une planète où il y a des monstres. Si ils s’écrasent, encore une fois, sur une autre planète, où il n’y a pas de monstres ca devient une histoire de survie, mais si l’on prend ces mêmes personnages sur une planète différente et que l’on rencontre d’autres circonstances et de nouveaux obstacles, ca devient un autre film. En fait, c’est la qu’on réalise qu’il faut suivre les personnages et non le genre du film : vous vous apercevez alors que vous pouvez aller dans bons nombres de directions et que vous ne ferez pas dans la “pale copie” - ce qui est si facile à faire - mais que vous faites "quelque chose de frais", quelque chose de nouveau.

MS : Comment les idées des visuels vous sont-elles venues ? Le film a vraiment un look absolument fantastique ! et... les 5 premières minutes à elles seules vous mettent vraiment dans l‘ambiance..

DT : Ca commence avec l’écriture et j’ai eu la chance de travailler avec une très bonne équipe de concepts avant même que je donne la première version au studio. J’ai ainsi pu leur amener un "packaging" de 10/12 sketches ce qui leur permettait de voir ce que j’avais en tête. Vous ne pouvez pas mettre tous les détails visuels dans le script mais ils avaient ainsi un visuel dessiné de ce que ça aurait l’air sans pour autant détourner leur attention du script. Cette méthode nous a énormément aidés car ce n’était vraiment pas un script facile à lire.

MS : Quel a été l’apport de Vin en tant que producteur ?.

DT : Vin apporte toujours des idées... Sur "Pitch Black" et même bien avant qu’il endosse la casquette de producteur. Avec lui, J’ouvre toujours bien grandes mes oreilles car il trouve souvent de super idées. En tant que producteur son but primordial a été de protéger le personnage et le cœur même de l’histoire de "trop d’influences extérieures". Sur un film de cette ampleur vous avez trop de gens en dehors de l’équipe qui essaient constamment de vous convaincre de faire telle ou telle chose. il est très bon, dans ces cas la, d’utiliser les "muscles du producteur" pour parer à cela !!!

MS : Les “chroniques" ont un script, une réelle histoire... Pourquoi vous êtes vous lancé dans quelque chose d’aussi complexe ?

DT : L’origine de tout progrès vient de l’insatisfaction. Je ne voulais pas refaire "Pitch Black" parce que cette histoire avait déjà été faite et que l’on s’en était très bien sorti : Aussi quand un studio vient vous voir et vous demande si vous voulez faire une suite, votre imagination grandit et si vous avez de l’imagination à revendre vous pouvez peindre sur un très grand "canevas" si je puis dire. C’est la tout le sujet des "chroniques de Riddick". ! C’est également la raison pour laquelle nous ne l’avons pas appelé "Pitch Black 2" : même avec un titre on peut faire quelque chose de différent.

MS : Absolument, votre scénario est dans le titre. D’où vous est venu le concept et l’invention du personnage de "Riddick" ?.

DT : La vous m’en collez une bonne !!. Je crois que depuis que j’ai écrit "le fugitif" j’ai été un fan de la "jeopardy" (être en péril, en danger, ndlr). Je me suis aperçu que quand vous êtes en "jeopardy" vous avez énormément d’énergie qui en découle car il faut trouver un moyen de s’en sortir...

"Pitch Black" a été écrit par 2 frères, Jim et Ken Wheat, à propos d’un crash sur une planète avec des survivants. Mais il n’y avait pas un "serial killer" avec eux. Mon idée d’avoir un prisonnier qui est un tueur et d’essayer en même temps de survivre c’était pour moi une manière de renforcer la peur de ces survivants.

pour l’histoire, j’ai alors pensé qu’il serait excellent d’avoir des créatures, l’obscurité et un serial killer sur les bras. "Pitch Black" commence avec un "good guy" joué par Cole Hauser et un "bad guy" joué par Vin mais à la moitié du film vous commencez franchement à vous demander qui est vraiment le "bad guy". Je pense que c’est ce qui différencie un peu "Pitch Black" de tous les autres films du même genre. Nous avons essayé d’incorporer plusieurs histoires et une très bonne évolution des personnages.

MS : Quel fut sur "Riddick" le plus gros challenge ?.

DT : Assurément le fait que vous devez regarder dans 50 directions à la fois. Il y a dans le film 500 plans d’effets spéciaux, qui se doivent tous excellents et également un super casting avec non seulement Vin mais aussi Thandie Newton et Judi Dench. Ils ont besoin de toute l’attention de leur metteur en scène ! En tant que scénariste vous pouvez les aider avec l’histoire... Mais Il y a aussi l’équipe technique qui veut savoir quel est le prochain angle de camera à préparer..., s’ils auront besoin d’une grue..., quelle lentille utiliser..., et tout un tas d’autres considérations techniques. C’est épuisant physiquement et psychologiquement car il faut que le bateau aille bien droit et surtout qu’il n’ait pas tendance à couler.

MS : Vous attendez vous à une comparaison avec "La guerre des étoiles" ?.

DT : Je suis peut être très bête d’avoir fait cela mais j’ai fait une comparaison avec le studio au tout premier stade de la production de "Riddick" et les murs ont des oreilles... surtout dans un Studio ! Ils veulent toujours savoir quel genre de film vous tournez. Ils lisent le script, fort heureusement pour vous ils aiment le script, et c’est alors qu’ils vous demandent de quoi ça va avoir l’air visuellement et de leur donner une comparaison, c’est alors que je leur ai dit que c’était comme le "Evil twin" (le mauvais jumeau, ndlr) de "la guerre des étoiles". je n’aurais peut être pas du faire cette comparaison mais je l’ai tout de même faite.

MS : Quelle fut la séquence la plus difficile à tourner ? .

DT : La séquence du combat final ! Nous avions tout un tas d’angles de caméra, et tous ces angles étaient très compliqués à filmer. Avec une camera assistée par ordinateur vous pouvez refaire la prise 10 fois mais c’est usant pour tout le monde et surtout pour les acteurs qui doivent faire attention à la scène mais aussi à la caméra : C’est tuant !!. En règle générale on tourne environ 20 à 22 plans par jours, et pour le final on a pu en tirer 5 uniquement. Vraiment non, je n’ai aucun bon souvenir de cette séquence qui est fantastique à l’écran mais quel cauchemar !!.

MS : Etes vous satisfait avec les effets spéciaux du film ? .

DT : Non je ne suis jamais satisfait du résultat. Et j’aimerais toujours avoir plus de temps et tout fignoler, tout comme Peter Chang qui s’est occupé des effets spéciaux. Il voit toujours des contours mal définis et voudrait y revenir, vous savez c’est comme un livre, ce n’est jamais fini c’est toujours abandonné : c’est exactement la même chose avec les films, la date de sortie est proche et il faut mettre le film en boite, mais je me donne toujours un moment pour revoir une dernière fois les effets visuels... J’étais toujours sur les visuels il y a encore 1 semaine, et cela malgré les objections et les hurlements des gens du montage. Ils étaient là à dire : “C’est fini ! non, stop... stop... stop !” (Il rit). Évidemment, je peux toujours voir et revoir le film, je trouverai toujours des corrections à ajouter.

MS : Avez vous coupé beaucoup de scènes ?.

DT : Quand vous avez un gros budget vous devez travailler et collaborer avec votre studio, j’ai donc écouté leurs idées sur ce que l’on pouvait et ne pouvait pas montrer. Il y a toujours un compromis que vous devez faire. Bien sur, Il y a des choses que j’aurais aimé ne pas enlever mais il y aura toujours le director’s cut sur dvd.

MS : Comment est ce de travailler avec Vin ? .

DT : Après avoir fait deux films avec lui on approche tout comme 2 frères, il y a des jours où on se bat comme des frères et des jours où on s’adore. Nous avons des hauts et des bas, Mais je sais qu’à la fin nous sommes la pour nous soutenir. Bref, après 2 films, nous nous parlons toujours et nous apprécions toujours autant.

MS : Avez vous travaillé sur le mixage son ?.

DT : Oui tout à fait, c’est d’ailleurs la raison pour laquelle je ne peux faire un film que tous les 2 ans : il faut l’écrire, mettre les gens ensembles, le tourner, le monter, et être responsable pour tout.

MS : Pouvez vous nous parler du casting ?

DT : Vous savez c’était l’idée de Vin de prendre Judi Dench...

MS : Vraiment ?

DT : Absolument, ! Vin a toujours aimé son travail, et je lui ai dit qu’il fallait nous entourer d’acteurs de qualité, - Judi a une formation shakespearienne -, et il m’a dit de la prendre. Tout d’abord, Vin lui a envoyé des fleurs, puis nous avons fait une offre et je me suis envolé pour Londres la semaine suivante pour la rencontrer. Elle a tout regardé, étudié son personnage puis nous a dit O.K.

MS : Avez vous des références dont vous vous êtes inspiré ?

DT : Nous avons essayé de donner dans l’originalité dès le départ. Si vous amenez des choses que l’on a déjà vu je ne suis pas intéressé. Si ça donne du "Star Trek" ou autres il faut recommencer...

MS : Sur quoi travaillez vous maintenant ?

DT : J’aurai toujours des idées pour d’autres films, la première chose pour moi maintenant est de prendre des vacances, j’aime faire de la S.F. je ne sais pas si je devrais en faire autant pour ma carrière ! J’ai déjà une offre de la compagnie de Spielberg "Dreamworks"... ils m’ont proposé quelque chose, mais tout d’abord j’ai besoin d’un peu de repos pour me rafraîchir la tête.

MS : David merci encore c’est toujours un plaisir de vous voir !!
DT : C’est moi.

Propos recueillis par Marc Sessego le 8 juin 2004
Traduction et Correction Andrée Cormier

Voir notre chronique du film "Les Chroniques de Riddick" dans la rubrique "Films"




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