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  Sommaire - Films -  A - F -  Everest (Id.)
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"Everest (Id.)" de Baltazar Kormakur

 

Scénaristes : William Nicholson & Simon Beaufoy
Avec : Jason Clarke, Jack Gyllenhaal, Josh Brolin, Keira Knightley, Emily Watson, John Hawkes, Robin Wright, Sam Worthington, Michael Kelly, Martin Henderson
Distribué par Universal Pictures International France
121 mn - Sortie le 23 Septembre 2015 - Note : 10/10

« D’après une incroyable histoire vraie », dixit la tagline sur l’affiche du film. Histoire vraie, oui ; incroyable, non ; traumatisante, désastreuse, meurtrière, oui. « Everest » est inspiré du livre-témoignage de Jon Krakauer qui participa en l’année 1996 à une expédition sur l’Everest, pour le compte de son magazine, en même temps que d’autres expéditions, l’endroit étant devenu ultra-prisé. Au bout du compte, des conditions climatiques désastreuses conjuguées à des réactions humaines variées firent de cette session la plus meurtrière de toutes, dix alpinistes y trouveront la mort. « Everest » est le récit de cette impitoyable aventure.
On a découvert le réalisateur Baltazar Kormakur lors d’une édition du défunt festival du film policier avec « A little place to heaven », polar noir très réussi avec Forrest Whitaker, passé complètement inaperçu. Puis il déboule enfin au box-office avec d’abord « Contrebande » avec Mark Wahlberg, qu’il retrouvera en plus de Denzel Washington pour « 2 guns ». Et là, on se dit que le bonhomme, ancien acteur passé derrière la caméra, possède de solides qualités qui peuvent l’amener à des projets encore plus ambitieux. Paradoxalement, c’est « Survivre », récit véridique d’un pêcheur tombé dans la mer lors d’une sortie et qui réussit à regagner la terre et à rentrer chez lui, qui quelque part le désignera pour diriger « Everest », ambitieuse production sur une histoire vraie qui doit rester avant tout réaliste.
Comprenez par là qu’avec « Everest », on plonge dans un récit simplement terrifiant, qui nous tient aux tripes du début à la fin, et ce sans effets chocs ou vertigineux – comme la scène d’ouverture de « Cliffhanger » - mais simplement avec déjà l’ascension de la plus haute montagne du monde, l’Everest. Pas besoin d’en rajouter. Ensuite, en y intégrant des conditions climatiques purement cauchemardesques, à vous dégouter d’une ballade en montagne. Puis arrivent les personnages. Tous d’aguerris alpinistes réduits à l’état d’insectes qui vont être piégés sur les parois de cette montagne. Chacun avec ses qualités et ses défauts, chacun connaissant les risques, chacun s’en amusant ou s’en défiant. Tout cela repris d’après les souvenirs de Krakauer mais également d’un autre survivant qui contesta pas mal des points du journaliste américain. A un moment donné, Krakauer demande à un de ces aventuriers quand même un peu hors-normes, pourquoi il fait ça. La réponse est implacable. Il ne sait pas, c’est ainsi. Dépassement de soi-même, goût pour certaines choses différentes et irréalisables… Et tout cela n’empêchera pas la tragédie qu’on sait. On pouvait craindre un film commercial d’aventures, il n’en est rien. Balthazar Kormakur et ses deux scénaristes veulent à tout prix raconter une épopée à dimension (sur)humaine, et ils y parviennent haut la main. Tout repose surtout sur une mise en scène au plus près de la réalité, servie magistralement par des acteurs qui ne cherchent jamais à tirer la couverture à eux, qui font oublier qui ils sont, et qui (re)donnent vie à chacun de leurs personnages respectifs. En soi, « Everest » est l’équivalent de ces films catastrophes des années 70 mais simplement revus sous un œil réaliste, simple, sincère, et de ces faits, au dénouement donc implacable et meurtrier, et terrifiant pour nous, qui assistons impuissants à cette tragédie dont nous connaissons l’issue. C’est éprouvant, incroyable, suffocant, et paradoxalement – au vu du sujet – magistral. Dans le genre, un grand film, voir un chef-d’œuvre qui restera comme LA référence dans le genre, c’est plus qu’évident.

Stéphane THIELLEMENT



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