SF Mag
     
Directeur : Alain Pelosato
Sommaires des anciens Nos
  
       ABONNEMENT
Sfmag No122
118

11
F
é
v
RETOUR à L'ACCUEIL
BD   CINÉ   COUV.   DOSSIERS   DVD   E-BOOKS  
HORS SERIES    INTERVIEWS   JEUX   LIVRES  
NOUVELLES   TV   Zbis   sfm   CINÉ-VIDÉOS
Encyclopédie de l'Imaginaire, 18 000 articles
Sommaire - Interviews -  Olivier Megaton "TAKEN 3"


"Olivier Megaton "TAKEN 3"" de Andrée Cormier / Marc Sessego


C’est avec la plus grande gentillesse qu’Olivier Mégaton nous reçoit dans un café parisien pour une interview à cœur ouvert et sans aucune langue de bois. Pourquoi « Taken 3 »... Les difficultés... l’ajout du grand Forest Whitaker ainsi que son fort agacement vis-à-vis d’un système français qui le ronge... Olivier se livre donc sans fard dans cette passionnante interview.

SFMAG : Comment s’est fait le passage sur « Taken 3 » ? Immédiatement après le tabac du « 2 » ?

OM : Non pas du tout, ce qui est très bizarre c’est qu’à la fin du numéro 2 on en avait déjà parlé avec Liam, nous étions en promo ; on a eu un mois et demi de promo ensemble, puis nous nous sommes dit qu’il n’était pas possible de faire un 3 et ça a été définitivement enterré...
Un an plus tard, j’étais à New York pour un tournage, pour la série Taxi Brooklyn et je voyais Liam assez souvent, il habite New York et, un jour, il me dit : « Est-ce qu’on peut manger ensemble ? » et là, il dit « Voilà j’en ai parlé à Luc, à Jim Gianopoulos qui est à la Fox, ils ont une idée pour le 3 ! » Une idée ? Qu’est-ce qu’il peut y avoir comme idée ? Du coup j’ai eu Luc (Besson) après, et, effectivement, l’idée était assez séduisante même si en terme de carrière je n’étais pas particulièrement poussé à faire ça. Je me suis dit quel est l’intérêt à faire encore une « sequel » (une suite, ndlr) à Taken 2, c’est toujours avec un temps de retard qu’on fait ce genre de choses, les gens adorent nos héros mais le problème c’est qu’ils ne se disent pas « génial vas-y en avoir un nouveau ! » Non, ils se disent « encore un ! » ; James Bond a sans doute suivi la même chose durant cinq ou six films avant de s’installer définitivement dans une franchise illimitée. Ici, c’est pareil, c’est précis, il s’agit d’une famille... On est reparti sur ce projet mais il s’est passé beaucoup de temps et ça n’a pas été évident, pas du tout ! Le premier n’était pas fait pour faire une franchise mais on a fait un deux et moi, j’ai posé les mêmes questions : « le premier est très bien, qu’est-ce qu’on peut raconter de plus ? » Parfois on se dit qu’on a un personnage fort... on a une situation forte... un casting plutôt béton, alors à chaque fois qu’on est sur des nouveaux projets il faut reconstruire tout ça. Là effectivement j’ai plein d’autres projets mais quand on m’a dit pour « Taken 3 », j’ai mis un certain nombre de mois à réfléchir et au bout d’un moment, en décembre il y a un an, je me suis dit, c’est vrai « Taken » je connais, ce sont des comédiens que je connais, c’est mon équipe... essayons quoi !
Le cinéma reste quelque chose de relationnel, d’humain, ce sont des personnalités, des moments dans la vie, c’est souvent ça, on voit souvent des grands plans, le marketing il ne nous appartient pas à nous, le marketing c’est le marketing et nous on ne fait pas de marketing. C’est très compliqué et spécialement en France où le succès est un peu un sparadrap qui nous colle aux mains. Il faut surtout s’en séparer très vite : On ne doit pas être bon, on ne doit pas être au top, il ne faut pas gagner d’argent, il ne faut jamais briller, c’est encore plus compliqué ici... Quand j’arrive ici, quand je vois la façon dont se comportent certains, médias : on ne mentionne même pas le nom du réalisateur lorsqu’on présente le film, là c’est limite... Fondamentalement, je m’en fous mais ça m’inquiète... Après, je n’ai pas plus d’égo que cela, mais c’est un an de travail, on est un symbole pour plein de choses. Que ce soit aux Etats Unis ou partout dans le monde, ça ne se passe pas comme ça, alors pourquoi en France, se donne-t-on le droit, dans le pays des libertés et du respect d’autrui et en plus dans une période qui est compliquée où l’on est dans l’unité, se permet-on, comme ça sous couvert de liberté, d’écraser celle-la ? Moi, par exemple, j’ai travaillé durant un an sur un film, jours et nuits, sept jours sur sept et je suis un ovni. Il n’y a pas à avoir des jugements de valeur, mais on me respecte en tant que réalisateur, et lorsqu’on ne me nomme même pas, que l’article parle du succès du film dans tous les pays du monde, notamment aux Etats unis et que c’est volontaire de la part des journalistes et des médias, là je me dis « il y a un problème ».

SFMAG : On n’aime pas le succès en France...

OM : On déteste le succès : genre « ça ne peut pas marcher », « c’est suspicieux », « Pourquoi et comment il y est arrivé ? » La réponse c’est juste qu’on bosse quoi ! « Vous avez de la chance ! »... Non, je suis désolé, ce n’est pas de la chance c’est du travail. J’ai beaucoup de problèmes tous les jours, je me couche en les oubliant et lorsque je me réveille le lendemain ils ont disparu et je recommence. J’ai cette capacité et ça c’est une chance mais le reste ce n’est pas de la chance c’est du travail, uniquement du travail. C’est pour ça qu’effectivement faire une suite, je ne sais pas, j’ai peut-être envie de faire un truc un peu plus personnel, et puis je me suis dit les gens ont envie de voir ce film, ils ont envie de voir Liam, Bryan Mills et toute cette famille, l’histoire est intéressante, je vais pouvoir m’éclater, je tourne aux Etats unis que je commence à connaître plutôt bien, bonne expérience pour moi et mon équipe -car il faut savoir que j’ai emmené toute mon équipe-, c’est un cas unique et à la sortie on fait un énorme carton planétaire, on ne va pas en plus s’excuser.

SFMAG : Comment renouvelez-vous votre mise en scène pour ne pas nous resservir la même sauce ?

OM : J’évolue comme tout le monde et je regarde plein de choses. Je bouffe de la série, comme une machine, j’adore lire, j’adore la photographie, l’architecture, j’ai une mémoire photographique donc j’ai la chance de me rappeler énormément de choses, tout ça fait que je me retrouve avec un creuset de créations qui fait que je change à chaque suite. Moi j’ai envie de faire quelque chose, mon équipe aussi, on veut être les premiers spectateurs de ce que l’on fait, on adore découvrir, s’étonner, s’émerveiller, c’est ça qui est intéressant, c’est du cinéma. Quand on veut c’est suffisamment compliqué pour qu’on le rende simple. Faut arrêter de se mentir, on fait des choses qui sont dures à faire donc il faut rendre les choses simples en terme de pensée. Il faut faire les choses pour les bonnes raisons.

SFMAG : Luc vous laisse-t-il la liberté artistique ?

OM : J’ai la chance d’avoir le contrôle à plus de 100%. On se connaît depuis longtemps, plus de 20 ans... 23 ans je crois. On a le même caractère, on peut être colérique, aussi dur quand on n’est pas satisfait de quelque chose, et de ce fait, il m’a toujours respecté de cette façon-là. Depuis qu’on travaille ensemble il m’a toujours laissé libre du début à la fin, et il est mon premier spectateur. Quand j’ai fini le montage je l’appelle, parce qu’il ne veut pas se mêler, étant lui-même metteur en scène. Quand il m’a connu, j’étais déjà réalisateur, il a choisi qu’on travaille ensemble, pendant un certain nombre d’années parce qu’il me faisait confiance. Sa logique est super simple : « Tu fais ça mieux que je ne le ferai donc je vais pas t’expliquer comment je l’aurais fait ! » Chacun fait ses films, il me laisse faire, il est producteur et j’ai une marge de manœuvre énorme. Après il y a les budgets... des budgets pas énormes, on est très serré mais on y arrive, et c’est pour ça qu’on arrive à faire ce que l’on fait. Si on y arrive c’est parce qu’on est français, on a ce côté artisanal ultra créatif, et l’on ne travaille pas dans une autre logique. Il me donne le script, on en parle, il m’appelle de temps en temps ou, quand j’ai un vrai souci, c’est moi qui l’appelle, mais il ne vient pas sur le plateau, parce qu’il sait... il a une énorme carrière en tant que metteur en scène, moi j’ai mon équipe et il ne veut pas me mettre dans une situation où on aurait une crise : il n’y en a pas besoin car tout se passe bien.
Lorsque le film atteint presque les deux heures, je l’appelle et je lui dis. Il le regarde alors comme un vrai spectateur et on se pose des vraies questions comme : le rythme est un peu ralenti ou je n’ai pas compris ça. Puis, on va voir la Fox et l’on fait les modifications qu’il y a à faire pour un public international. On ne fait pas un film français on fait un film pour le monde entier. Un américain du Mid West ne comprend pas les même choses qu’un Français Auvergnat par exemple. Nous n’avons pas les même codes... On essaie de faire en sorte que tout le monde comprenne les choses de la même façon sans que ce soit ringard, c’est une relation très saine.

SFMAG : C’est Luc qui écrit le scénario ?

OM : Avec Robert Mark Kamen oui

SFMAG : Et il a été modifié ou gardé dans sa version originale ?

OM : Modifié, on a passé notre temps à le modifier, parce qu’il y a trois histoires qui s’imbriquent, il y a eu pas mal de problèmes de continuité, les décors n’étaient pas pensés comme ça. Lorsque j’arrive dans la réalité ça ne se passe pas comme ça, les scènes d’action sont différentes parce que les décors nous dictent autre chose, il y a une espèce de squelette, une ossature, une émotion, et on rajoute des choses. Le fameux coup de fil qu’on a dans « Taken 3 » n’était pas écrit à l’origine, parce qu’il n’y avait pas de raison. On a transformé et moi j’ai eu cette idée d’en faire un : le premier témoignage, c’est qu’il appelle sa fille pour lui dire que son ex-femme est morte, on a déplacé le sens de ce coup de fil mais il était important dans le film. On crée les choses, on évolue, le script a été écrit il y a presque deux ans, on a tourné le film il y a un peu moins d’un an, en un an les choses ont énormément évolué. C’est normal, vous écrivez quelque chose, vous relisez, et après vous re-relisez et c’est le doute, c’est l’homme, on est comme ça. Le cinéma n’échappe pas à ça, on a la chance de pouvoir encore travailler comme ça, on est moins, disons le, surveillé que les Américains qui ont une tendance à être sur le script ligne après ligne, virgule après virgule. Nous on n’a pas cette problématique donc on est un peu plus libre et cela nous permet de retravailler, d’approfondir les choses avec les comédiens ; de travailler aussi, de partager, c’est ce qu’on appelle la « french touch » (la touche française, ndlr). Ils adorent ça, ce côté qu’on a de transformer les choses, d’interpréter, ils sont trop bons élèves.

SFMAG : Le plus gros challenge du film ?

OM : Je dirai l’autoroute, en terme de complexité. Toute la scène de l’autoroute ! On devait tourner à Los Angeles et quand je suis arrivé le directeur de production voulait tourner en Argentine, je lui ai demandé pourquoi l’Argentine, en dehors du fait que ça vaut moins cher ; le vrai challenge c’était de faire rentrer un tournage qui coûte très cher dans l’enveloppe que l’on avait. Tourner à Los Angeles vaut trois fois plus cher qu’en France, donc si on est à L.A. c’est pour tourner les choses importantes... les choses capitales ; puis, on tourne à Atlanta celles qui sont moins importantes mais c’est encore les Etats-Unis. Il était évident qu’on ne pouvait pas sortir des Etats-Unis pour faire beaucoup de choses, car il aurait fallu ramener tous les véhicules, tout ce qui fait que les Etats-Unis sont les Etats Unis : il était hors de question d’aller ailleurs. La scène de l’avion a été faite en Espagne parce qu’il n’y a pas de référence, elle pouvait donc être tournée un peu n’importe où. Je pense que la scène de l’autoroute était la plus compliquée à faire de par sa complexité.
Nous avons fait une démo sur les effets spéciaux : comment nous avons travaillé, du storyboard jusqu’au montage terminé... quelles en sont les étapes... Nous avions environ deux cents personnes devant nous, les yeux grands ouverts et ils nous ont dit qu’ils ne pouvaient pas imaginer que ça pouvait être comme ça. Je tourne beaucoup de choses en réel : les actions, les accidents, tout est en réel... ensuite il y a un très gros travail pour que le réel devienne cinématographique.

SFMAG : La scène est vraiment très impressionnante...

OM : C’est le but parce qu’aujourd’hui on oublie que si on fait ce genre de film c’est pour concurrencer, voire bousculer un peu le marché américain et leur montrer qu’on est capable de faire ça. Moi mon plus gros problème dans le cinéma français c’est qu’on s’excuse de faire des films : « excusez-moi, je vais faire un gros film, c’est un film d’action, je sais je ne devrais pas ! » Il faut arrêter avec ça, on a les capacités, les équipes, le mental, on arrive à avoir le financement, on le fait à notre façon et c’est aussi beau et, tout comme faire un film d’Audiard, ça peut tout autant exister. Et le cinéma français a ce côté un peu bloqué dans une conception. Le meilleur moyen de préserver le cinéma français est que nous soyons offensifs sur tous les marchés, notamment sur le marché américain, et ça c’est un truc que j’ai du mal à faire rentrer dans la tête des « purs et durs » du cinéma français. 70% de la communauté professionnelle du cinéma français pense que les films français doivent être tournés en français et même dans Paris, et ce n’est plus ça aujourd’hui...
On n’arrive pas à faire venir les gens ici pour tourner, je parle des productions de tous les pays ; on est incapable d’installer un « tax shelter » (abri fiscal/réduction de taxes ndlr) digne de ce nom, alors qu’on a je ne sais combien d’équipes de cinéma qui sont au plus haut point techniquement et qui sont d’ailleurs même meilleures que pas mal d’équipes dans le monde.
Il y a, sans aucun doute un problème de préservation de notre industrie, on ne la préserve pas du tout et ils ne font pas un effort monumental. Il faudrait juste un petit effort pour accepter cette autre forme de cinéma.
Le cinéma français c’est un truc d’auteurs sinon ça n’existe pas...
Quand mon film enregistre 3 millions d’entrées au box office, je suis super content et pourquoi, dans la mesure où nous admettons ce genre de choses de l’autre côté (aux USA, ndlr), faudrait-il ici systématiquement s’excuser ?

SFMAG : On dit film français égale film « intello »

OM : Ca peut être un comique, ça peut-être un thriller, c’est vaste... il y a plein de choses qui font qu’on a cette capacité... Pourquoi y aurait-il plus de panache à faire un film qui se passe dans une cuisine ? J’adore pas mal de petits cinéastes français mais a un moment je ne veux pas être jugé sur ce que je fais ça devient pénible.
SFMAG : Vos films sont avant tout des films de divertissement....
OM : Le cinéma est un divertissement, quelle que soit notre réaction c’est un divertissement. Si c’est un bon divertissement, si c’est un film qui nous touche, mais il n’y a pas de classification des divertissements. Certains diront : « Toi tu fais des films pop-corn ! » Lorsqu’on va au cinéma, le pop corn il n’est pas destiné qu’à telle ou telle salle. C’est ça qui fait vivre le cinéma aujourd’hui. C’est donc idiot de dire ça ! C’est assez bizarre, il y a toujours ce côté où l’on vous regarde avec un ricanement et moi ça me dérange car je me bats pour rester ici ; je ne vis pas à Los Angeles, je vis à Paris aujourd’hui et on est toujours à me dire « il y a tant de français qui s’en vont ! » Mais il y en a aussi qui restent... Les gens s’en vont car ils en ont ras le bol de cette morosité permanente, cette raillerie et ce cynisme dès qu’on veut entreprendre quelque chose. Je ne suis pas un gangster... faut arrêter... on a l’impression qu’on vole quelque chose. Il faut se calmer.

SFMAG : Quand on dit que nous attendons votre prochain film...

OM : (Plaisantant) « Qu’as tu dit là ? » quand je vois certains médias et un notamment qui me harcèle (ça devient systématique) et qu’on reconnaît qui c’est... L‘anonymat du Net est en plus très facile, on peut dire tout et n’importe quoi (et aujourd’hui ils ont tous ce super pouvoir) mais ils sont quoi à la sortie ? Quelques geeks qui rêvent de faire des dîners avec des comédiennes ? C’est vraiment ça leur réalité ? Moi c’est mon métier, c’est un métier, un vrai métier ! Et je me bats tous les jours pour ce métier. Je n’ai pas de problème d’attitude, de statut. Mon statut je m’en fiche, ce n’est pas ça mon problème mais tant qu’il y aura cette espèce de pseudo monarchie intellectuelle avec un certain nombre de journalistes...

Globalement, ils ne sont pas tous comme ça et ceux qui ont le malheur d’aimer ce genre de films, comment pourraient-ils l’exprimer ? Ça devient une honte. Vous faites alors partie des crétins qui vont aller voir ce film. On est en train de créer des strates intellectuelles, c’est un racisme intellectuel ! Je ne pense pas être plus crétin qu’un journaliste quel qu’il soit, j’en connais de nombreux et nous nous entendons très bien et il y en a qui me connaissent vraiment, mais que les gens n’aient pas ce genre de jugement, il faut arrêter. Vous ne connaissez pas mon niveau d’étude, on n’a jamais parlé de quoi que ce soit ensemble... de cinéma... d’art...
J’ai pu prendre le large depuis le départ car je faisais du film de genre et, dans le film de genre, il y en a en France qui ne connaissent pas et ils ont peur. De plus, lorsque ça ne marche ça les énerve mais tout ça est bercé d’un côté « cocorico » qui est pénible. J’ai envie de dire : « On n’a pas à avoir honte d’être français, pas à avoir honte d’être européen. On n’a pas à avoir honte d’habiter ici, on n’a pas honte d’avoir fait les choses vraiment bien ! » Globalement, le vrai public, celui qui paye sa place, par ce qu’il veut s’éclater, il veut avoir une aventure, c’est tout. Il n’est pas blasé...

SFMAG : Hier à la séance il y avait beaucoup de jeunes...

OM : Ils réagissent ! Les gens adorent ! On se plaint toujours que notre cinéma soit mou, aux Etats-Unis les gens sont debout au bout de cinq minutes... ils participent ! Ici nous avons cette possibilité là avec la nouvelle génération.

SFMAG : La copie en salle est-ce votre montage ?

OM : Non, on a coupé très peu de choses. On a une « unrated » (non censurée, ndlr) pour la sortie vidéo américaine. Pour la MPAA on a dû couper certaines choses pour avoir le PG 13, il fallait enlever du sang et des choses comme ça. En vidéo ils veulent des films un peu plus longs.

SFMAG : Et la venue de Forest Whitaker ?

OM : Forest a été une belle expérience. Dans le premier script le flic était beaucoup moins défini, mais déjà une âme un peu particulière. J’adore GHOST DOG, Forest est sublime dedans... je suis allé voir mon producteur en lui disant « écoute, j’ai eu une idée, je sais que c’est beaucoup, on n’est pas un studio, mais j’ai pensé à Forest. » Et il m’a dit « tu n’as pas pu mieux penser car j’ai la même idée que toi. » Il a tout de suite joué le jeu, il a voulu le faire... Après, on se retrouve devant un « Academy Award », un monument, un mec adorable, gentil et le travail se fait comme avec Liam : on travaille, on relit et on construit le personnage.

SFMAG : Maintenant voulez-vous changer de registre ?

OM : On a un projet qui s’appelle « French Doctors ». C’est sur la création de « Médecins sans Frontières », super beau projet, politique c’est beaucoup dire, c’est le Nigeria et le Biafra en 1968,69 et 70. Des médecins face à un massacre... on est très proche du quotidien et ce massacre aboutit à la décision de la Croix Rouge de rentrer... ils disent alors : « non, on ne peut pas rentrer. Si l’on n’est pas présent sur un génocide on n’est plus des êtres humains ! » C’est la manière dont s’est créé « Médecins sans Frontières », alors que le vieux système humanitaire était un peu trop englué dans la politique et qu’il fallait révolutionner tout ça. J’ai toujours été fasciné par cela. Quand j’étais jeune je voulais en faire partie mais je n’avais pas les qualifications requises.

Andrée Cormier/Marc Sessego

Propos recueillis par Andrée Cormier et Marc Sessego le 22 janvier 2015
Sincères remerciements à Olivier Mégaton ainsi qu’à Sandra Corneveaux pour l’avoir organisée.




Retour au sommaire