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  Sommaire - Films -  S - Z -  The Riot Club (Id.)
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"The Riot Club (Id.)" de Lone Scherfig

 

Scénario : Laura Wade, d’après sa pièce
Avec : Sam Claflin, Max irons, Douglas Booth, Jessica Brown Findlay
Distribué par Paramount Pictures France
100 mn - Sortie le 31 Décembre 2014 - Note : 9/10

Présenté au Festival du Film Britannique de Dinard en octobre dernier, « The Riot Club » aurait du gagner le Hitchcock d’Or. Mais c’est un autre film social diamétralement opposé qui rafla la mise. Un truc sur une certaine misère sociale vue par les yeux d’un simple d’esprit. Ca fait mieux. Ca donne meilleure conscience. Alors que dans « The Riot Club », on y parle d’une autre classe sociale, celle de la « haute », cuillère d’argent dans la bouche dès qu’on est sevré du biberon, grandes écoles, prestigieuses universités, droits totaux, immunité totale en tout. L’élite de demain sort de ces filières. Venue présenter le film, la scénariste et auteur de la pièce a juste rappelé qu’un des ministres actuels était similaire au personnage le plus pourri de l’histoire. Mais voilà, donner un Grand Prix à un tel film, c’est risquer certaines critiques - car certains voient le film comme une apologie de ce qu’il dénonce et non comme une vérité en forme d’avertissement - donc il vaut mieux se donner cette sacrée bonne conscience...
L’université d’Oxford abrite, comme toute bonne université digne de ce nom, des confréries comme le Riot Club qui est la plus courue car la plus secrète, celle qui permet les excès les plus fous, et qui puvre les portes les plus grandes une fois sorti du giron universitaire. Parmi les nouveaux venus, Miles et Alistair, tous deux issus de milieux différentes, l’un plus aisé que l’autre, l’un bénéficiant de l’argent familial et l’autre d’une bourse, tous deux appâtés par le Riot Club avant d’en être obsédés. Une fois rentrés dans le Club, il y aura une soirée orgiaque et complètement destructrice où chacun va découvrir ses limites morales et humaines.
De Lone Scherfig, cinéaste danoise, on connaissait jusqu’à présent l’excellent « Une éducation » avec Carey Mulligan, et « Un jour », comédie romantico-dramatique avec Anne Hathaway et Jim Sturgess. Changeant un peu de style, la réalisatrice s’intéresse ici au milieu très obscur car volontairement caché des confréries d’université et en l’occurrence à celles d’Oxford. Oxford qui a cependant accordé le tournage dans certains de ses bâtiments, au passage, comme quoi... On y découvre donc cette jeunesse estudiantine et universitaire, issue pour une très grande partie des milieux très riches britanniques et mondiaux, se livrant à tous les excès car n’étant pas tenus par des limites tant matérielles que judiciaires. Sauf pour certains, ne sortant pas parfois de ces hautes sphères. Et de montrer comment l’atavisme familial peut gangréner les générations suivantes, comment le pouvoir peut corrompre, comment la richesse peut tout acheter et donner ainsi la puissance totale à de jeunes cadors pour qui tout semble permis. Sans limites morales. Ils n’ont plus de repères, ils sont déjà formatés. Prêts à l’emploi. Et au milieu de cette caste / élite de demain, reprenant le flambeau de celle d’hier et d’aujourd’hui, des éléments limites intrus peuvent encore sauver quelque chose. C’est le portrait de ces héritiers que propose « The Riot Club », film qui peut faire froid dans le dos, œuvre sociale différente car se focalisant pour une fois sur l’autre monde social, celui dont on parle peu, celui qui pourtant détient les ficelles du pouvoir. Laura Wade et Lone Scherfig ont uni leurs talents pour donner une œuvre d’une grande intelligence, révélatrice d’un autre univers, servie par un cheptel de nouveaux talents dont Sam Chaflin qu’on pensait être le fils de Jeremy Irons alors qu’en fait, max Irons a des faux airs de Tom Berenger jeune ! Ca c’était pour la petite histoire ; pour le reste, « The Riot Club » s’avère être un grand film qui aurait donc largement mérité son Hitchock d’Or.

Stéphane THIELLEMENT



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