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  Sommaire - Films -  M - R -  Night Call (Nightcrawler)
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"Night Call (Nightcrawler) " de Dan Gilroy

 

Réal. & scénariste : Dan Gilroy
Avec : jake Gyllenhaal, Rene Russo, Riz Ahmed, Bill Paxton.
Distribué par Paramount Pictures France
117 mn - Sortie le 26 Novembre 2014 - Note : 9/10

Quand la réalité dépasse la fiction... Les shows de TV-reality style toutes les niaiseries avec ces gravures de mode qui se regardent le nombril, sur les « aventuriers » largués sur une île « déserte » où un seul doit survivre, sur le quotidien des flics et autres corps de métier palpitants et dangereux, bref toutes ces émissions sont aujourd’hui devenues des hits. Mais jusqu’à quand ? Et quand l’audimat baissera, quel sera le petit remède miracle pour faire péter de nouveau les taux d’audience...

Lou Bloom est le pur petit délinquant qui traîne ses guêtres la nuit pour voler tout et n’importe quoi et le revendre. Pourtant, ce soir-là, tout va changer. Lou est témoin d’un accident de circulation, et voit débouler deux cameramen qui filment la scène pour pouvoir vendre dans les secondes qui suivent ces images exclusives à une chaîne TV qui va les payer un excellent prix. Lou n’hésite pas, il achète une caméra et part la nuit marauder à la recherche du scoop. De petits accidents à de plus importants, il arrive à rentrer dans le circuit, mais il reste encore un « amateur ». Il prend alors un stagiaire, pirate la radio de la police, arrive à se rendre en premier sur certains lieux de crime, et commence alors à devenir ce qu’il est vraiment : un sale individu amoral que rien ne fera reculer pour obtenir les meilleures images qui soient, pour satisfaire l’avidité d’une chaîne TV et le goût du sensationnalisme macabre et dégénéré d’un public qui s’en gargarise.

D’accord, de prime abord le sujet ne révolutionne rien, n’invente rien, on sait que cela existe depuis longtemps - dans les années 30, un reporter photographe était devenu le roi de ce genre d’images, à savoir le célèbre Weegee qui avait au moins encore un peu d’humanité en lui pour donner un sens à ses photos sensationnalistes... - , mais jamais le sujet n’avait été aussi bien abordé ni traité. Et pour son premier film, Dan Gilroy trainait aussi derrière lui quelques belles purges - « Freejack » ou encore « Jason Bourne : l’héritage » - mais il avait aussi écrit « Real Steel », donc le bénéfice du doute lui était accordé. Et on ne peut aujourd’hui qu’admettre qu’avec son look à la « Drive », son scénario au cordeau, et un scénario plus intelligent que caricatural - au vu du sujet, ç’eut été facile d’y céder - , ce « Night Call » ( titre français de « Nightcrawler » qu’on pourrait traduite par « le cafard de nuit », ce qui va parfaitement bien au personnage... ) arrive à passionner, à susciter des réactions où on s’interroge sur certaines de nos limites, et à titiller notre morale sur certains points. D’accord, tout n’est pas taillé dans la dentelle, ça manque aussi parfois d’un peu de subtilité(s)... Mais entre écriture et réalisation de main de maître, confortés par les interprétations hallucinées d’un Jake Gyllenhaal terrifiant et d’une René Russo bien pourrie, ce « Night Call » s’avère être une excellente découverte en bien des points, et un polar réaliste différent, original, et d’une force parfois peu commune.

Stéphane THIELLEMENT



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