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  Sommaire - Films -  G - L -  L’enlèvement (The Clearing)
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"L’enlèvement (The Clearing)" de Pieter Jan Brugge

 

Avec Robert Redford, Willem Dafoe, Helen Mirren, Alessandro Nivola

Sortie en France le 11 novembre 2004

"The Clearing" est une inhabituelle combinaison de suspense et de réflexion. C’est aussi l’étude psychologique des effets d’un kidnapping sur tous les protagonistes de ce terrible drame. Il n’y a pas de surprise, pas de rebondissement, c’est seulement la froide vision de l’impact et de ses répercussions en un déroulement lent, méthodique, utilisé pour générer ce suspense et faire monter la tension.

Robert Redford est Wayne, un homme vivant le rêve américain : Il est riche, il s’est fait lui-même, il a une femme et deux enfants qu’il aime et qui le lui rendent bien et.... il vit dans une énorme maison avec piscine.

Un matin, sur le chemin de son bureau, Wayne est sans coup férir kidnappé par Arnold (Willem Dafoe) un de ses ex employés et lorsqu’il n’apparaît pas pour le dîner personne ne s’inquiète : Après tout n’est-il pas un bourreau de travail ?? Lorsque Eileen (Helen Mirren) se décide à appeler la police pour signaler sa disparition elle a simplement peur qu’il l’ait quittée pour une autre femme.

Pour Wayne commence alors une longue marche à travers la foret en compagnie de son kidnappeur qui a réclamé une rançon de 10 millions de dollars. Mais le motif du rapt n’en est pas seulement l’argent c’est aussi pour Arnold l’espoir d’obtenir une seconde chance dans la vie et de tout pouvoir recommencer. Aussi joue-t-il avec la femme de Wayne et le FBI, leur adressant indices et énigmatiques instructions dans un effort pour sécuriser le "Jackpot" qu’il espère bien obtenir.

Comme la plupart des films de kidnapping celui-ci ne peut se terminer que de deux manières mais je ne vous le révélerai pas ici.

"The Clearing" est le 1er film de Pieter Jan Brugge qui passe ainsi du statut de producteur à celui de directeur et pour ses débuts, Pieter a assemblé un cast de choix : Ellen Mirren, Robert redford, William Dafoe et..... il les laisse faire ce qu’ils savent faire le mieux : "jouer". Jouer avec la camera qui les suit fidèlement et capturer ainsi l’attention des spectateurs simplement par un regard, une expression, une émotion.... Ses trois magnifiques performances sont tout simplement un plaisir à contempler.

William Dafoe est astucieux, plein de finesse en kidnappeur aux idées tordues et sortant de l’ordinaire. Mais il est aussi capable de projeter une fragilité, une vulnérabilité qu’un autre acteur - moins accompli - ne nous aurait pas fait percevoir.

Robert Redford, si charismatique que lorsqu’il apparaît tout s’arrête, nous offre ici une performance qui vous laisse sans voix. Il joue un homme qui n’est pas parfait et qui ne se cherche pas d’excuse. Lorsqu’Arnold lui reproche ses infidélités il n’essaie pas d’en minimiser l’importance, ni de justifier son action... A la place de cela nous pouvons voir au plus profond de ses magnifiques yeux bleus, qu’il aurait souhaité que les choses soient différentes et qu’il souffre de la peine qu’il a infligée à ceux qui lui sont chers.

Mais, peut-être, la plus magnifique performance c’est celle d’Helen Mirren qui deal avec l’incertitude qui la ronge quant à l’avenir de son mari, sa confrontation avec sa maîtresse et un agent du FBI qui a tendance à causer plus de mal que de bien.

Mirren nous présente ici une femme solide et vigoureuse, un caractère fort qui croit en ses actions et qui, bien que fréquemment au bord de la panique se ressaisit et essaie de maîtriser une abominable situation - bien au-dessus de ses capacité - Elle a de la classe ! Indubitablement elle nous donne là sa plus forte performance de ces 10 dernières années.

Bien sur ce n’est pas le 1er film qui est fait sur ce sujet et il ne sera certainement pas le dernier, certains étaient bons, d’autres particulièrement mauvais mais nous pouvons dire que celui-ci possède une intensité dramatique exceptionnelle et ce qui, éventuellement, risque d’arriver à la fin, découle de la personnalité de chaque caractère et certainement pas de ce qu’Hollywood en attend. Nous sommes alors absorbés par ce film sachant que tout ce qui se passe durant le déroulement de l’histoire décidera de ce qui arrivera à la fin.

Racontée en deux parties parallèles, l’une focuse sur la manière dont la famille de Wayne fait face à cette crise et la seconde développe l’évolution des rapports entre le kidnappeur et son otage ou plutôt devrais-je dire entre le chat et la souris ... Chaque élément est mis en place lentement et chaque information nous est savamment distillée goutte à goutte...

Est-ce un film pour des jeunes en dessous de 20 ans ? Probablement pas car ici pas de musique tonitruante, pas de bande son notable, pas de sexe, pas de "boum, boum" ; mais, si vous aimez les études de caractères par des acteurs dont la carrière ne se mesure pas en mois mais en années de professionnalisme, alors courrez dans la salle la plus proche, ce film est pour vous.

Andrée Cormier



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