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  Sommaire - Films -  G - L -  Le Roi Arthur
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"Le Roi Arthur" de Antoine Fuqua

 

Avec Clive Owen, Stephen Dillane, Keira Knightley, Till Schweiger, Stellan Skarsgard

"Le Roi Arthur" aurait pu être un bon film s’il ne s’était pas appelé "Le Roi Arthur" et si les personnages n’avaient pas porté les noms d’Arthur, Guenievre, Lancelot ou Merlin A quoi vraiment ont-ils pu penser ?? D’autant plus qu’il ne devient roi que dans les 5 dernières minutes du film !! peut-être "le centurion Arthur" aurait-il été plus approprié mais certainement moins "vendable" sur le marché....
Juste imaginez le roi Arthur et ses chevaliers de la table ronde en "Braveheart" ou "les 7 samurai" ou encore "les 7 mercenaires" mais pas un très bon "Les 7 mercenaires"....
Tout le monde connaît le Roi Arthur et ses vaillants chevaliers de la Table Ronde. Ils véhiculent une image de grandeur, d’aventures et de bravoure, c’est l’une des plus belles légendes qui ait traversé les âges : Ils font partie intégrante de notre culture même si nous n’avons pas de preuve directe qu’ils aient vraiment existé et "Excalibur" est devenue l’arme mythique par excellence. Leur histoire nous en a été contée et racontée au fil des siècles et elle a été adaptée maintes fois à l’écran.
Dans une vaillante tentative pour démystifier la légende avec laquelle nous sommes tous familier le directeur Antoine FUQUA nous dit s’être basé sur une réalité historique prenant place en 452 A.D. alors qu’en Angleterre l’empire Romain est sur le point de disparaître... Et oui ! plus de magie, plus de sorcier, de trahison, de love triangle.... aucune ressemblance avec la légende originale, seuls les noms ont été empruntés pour que l’on ne se perde pas !!
Si vous voulez apprécier ce film, vous devez absolument vous évader completement de la légende d’Arthur et, dans ce cas, vous découvrirez l’histoire d’un héros partagé entre ses ambitions et son sens du devoir, confronté à une crise d’identité et qui, face a la cruauté et la corruption de Rome, perd toutes ses illusions et se bat pour une noble cause : La Liberté.....
Nous sommes au 5eme siècle, Rome est sur le déclin et des hordes barbares attaquent les bordures de ce vaste empire. En Angleterre, les saxons massé au Nord et à l’Est préparent une attaque... Une unité de cavalerie Samartiane, sous le commandement de Lucius Artorius Castus (Arthur), moitié Romain/moitié Anglais (Clive Owen) a été assignée pour protéger l’Angleterre de ces barbares qui gagnent du terrain par delà la muraille d’Adrien.
Véritables "machines a tuer" et prêts à donner leur vie l’un pour l’autre, les indéfectibles compagnons d’Arthur : Lancelot, Gowain, Galahad, Bors, Tristan et Dagonet sont la terreur des tribus des alentours, les "Woads" commandées par leur mystérieux chef et chaman... Et Oui, je viens nommer ”Merlin"...
Avant de pouvoir rentrer libre à Rome Arthur et ses "Chevaliers" sont envoyés au cœur du territoire ennemi afin de sauver de l’avance saxonne le fils d’une noble famille romaine. (Sauver une personne au dépens de plusieurs combattants... Attendez... n’était-ce pas aussi le sujet de "Il faut sauver le soldat Ryan" ?) C’est la qu’il libère un certain nombre d’Anglais, hommes, femmes et enfants et... Guenievre, une véritable guerrière, une amazone ... l’égérie des "Woads".
Poursuivis par les Saxons, Guenievre le persuade que lui et ses chevaliers sont tout ce qu’il reste entre ces barbares et le massacre de milliers d’innocents.
Finalement, Arthur et ses compagnons se préparent pour la bataille décisive qui doit décider de l’avenir de l’Angleterre : La bataille de Badon Hill.
Écrit par David Franzoni (Gladiateur) cette "réalité" semble avoir été puisée dans un poème celtique de la 6eme centurie :

Let me sing with inspiration
Of a man born of two nations
of Rome and of Britain
Declaring his kingly rule and rightful place
Among the defenders of the Wall.

Laissez moi chanter avec admiration
Un homme né de deux nations
De Rome et d’Angleterre
proclamant son autorité royale et sa place
Légitime
parmi les défenseurs du Mur
(Il s’agit de la Muraille d’Adrien)

mais il existe bien des similitudes entre Maximus (Russell Crowe) et Arthur (Clive Owens), l’un comme l’autre servent fidèlement l’empire romain, et l’un comme l’autre se dressent contre l’abus d’autorité et la cruauté....
Les historiens débattront sans doute de la véracité historique mais il est parfaitement clair pour tous les cinéphiles que ce métrage a été inspiré par au moins une demi douzaine de films qui vont "des 7 samurai" à "Braveheart" en passant par "Tears of the Sun" (également dirigé par Antoine Fuqua) dans lequel Bruce Willis accepte - lui aussi - une mission de sauvetage qui pour tout le monde est vouée à l’échec.
Je ne peux pas dire que je me sois ennuyée et même certaines séquences son absolument étonnantes, en particulier la bataille qui se déroule sur un lac de glace (la séquence la plus importante et la mieux réussie du film) et la bataille finale.
Les acteurs sont solides et particulièrement Clive Owens (Gosford Park, Bourne Identity, Beyond Borders) qui joue un Arthur de très bonne facture, Keira Knightley /Guenievre (Star Wars : La Menace fantôme, Pirate des Caraïbes) en superbe et indomptable guerrière qui nous prouve ici qu’elle peut faire des scènes d’action aussi bien que n’importe quel acteur masculin... Ioan Gruffud/Lancelot (Horatio Hornblower, Titanic, 102 Dalmatiens) ou Stellan Starsgard/Cédric le Chef Saxon (Insomnie, Amistad) en vicieux vilain d’une excellente cuvée....
A l’origine, le film était "rated R" (interdit au moins de 17 ans) et afin d’obtenir un PG13 (interdit au moins de 13 ans) des coupes sombres ont été faites dans le métrage : Il aurait certainement été beaucoup plus intéressant de garder le 1er classement car la version qui sort sur les écrans est complètement édulcorée, aseptisée : pas ou pratiquement de sang alors que nous assistons à bon nombre de batailles...
Pourquoi transformer les chevaliers de la table ronde en une bande de râleurs ? pourquoi avoir éliminé le love triangle "Arthur-Guenievre-Lancelot" ?.... Je ne voulais pas voir une version "diet" ! Je voulais l’essence même de l’histoire, la magie, les épées, Excalibur, la sorcellerie, le Saint Graal, les amours interdites, la traîtrise, la cupidité, la soif de pouvoir, l’honneur et le déshonneur.... Les bandes-annonces, les affiches, chaque petite bribe de publicité semblait promouvoir un film de la facture de "Pirate des Caraibes" en relation directe avec la légende d’Arthur !!! Et bien non et j’ai l’impression d’avoir été volé.
Ce "Roi Arthur" aurait pu être un grand film d’aventure et d’action de l’envergure d’"Excalibur" qui est sans doute la meilleure interprétation de la Légende d’Arthur mais en le sortant de son contexte il ne nous laisse qu’un bon film d’action qui ne sera qu’un simple murmure vite oublié dans la vague des films de l’été.

Andrée Cormier



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