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Sommaire - Interviews -  Jack Vance


"Jack Vance " de Paul Rhoads et Damien Dhondt


Interview de Jack Vance
Parue initialement dans le magazine Slash n° 17 en 1998

Paul Rhoads : Je suis prêt. On y va ?

Jack Vance : Allons-y !

Tu es un grand voyageur et ton oeuvre marque une grande sensibilité au caractère spécifique des différents endroits.

À ton avis quelles sont les différences les plus frappantes entre l’Europe et les États-Unis ?

Il y a un sens de la continuité en Europe. L’Europe s’étend dans le passé. De plus il y a de grandes différences entre les pays. Ce qui me plaît en Europe, c’est qu’un petit déplacement de 200 kilomètres peut vous mettre face à une culture radicalement différente. Les États-Unis sont plus homogènes. Mais ce n’est pas pour dire du mal des États-Unis, c’est un endroit merveilleux et il ne faut pas oublier ses différences régionales, mais c’est bien moins marqué qu’en Europe. Mais j’adore l’Amérique... Il faut admettre que ses différences régionales s’estompent d’année en année ; en Europe aussi avec l’approche de l’Union Européenne. Mais j’aime la sensation de franchir une frontière et de me trouver dans une culture différente, comme entre l’Italie et la France ; j’adore ça !

Quelle est ton opinion de la science-fiction française ?

Je n’y connais rien... Je ne considère pas Jules Verne comme un écrivain de science-Fiction. C’est plutôt un ingénieur avec une manière d’écrire terre à terre et sans fantaisie. Enfant j’ai lu plusieurs fois « L’Île mystérieuse ». J’en étais féru.!

Et la science-fiction italienne ?

Je n’y connais rien... Sauf que Italo Calvino c’est la barbe !

Et Stanislas Lem ?

Je ne sais pas qui c’est.

Et Gabriel Garcia Marques ? Il a écrit « De la realism magique »...

Qui ? Je ne connais strictement rien de toutes ces choses chics et d’avant-garde.

Qui est ton auteur préféré du XX° siècle ?

P.G. Wodehouse.

Tes histoires se passent presque toujours dans le futur. Pourtant, par rapport aux autres auteurs de la science-fiction tu t’occupes peu de la technologie futuriste. Et puis, tu parles des problèmes contemporains comme l’environnement. Comment tes histoires traitent-elles du futur et méritent elles le nom de science-fiction ?

Je n’y pense jamais. Je n’aime pas parler de robots ou d’extraterrestres. C’est comme de tricher au jeu d’échecs. Si tu veux un robot qui court vite tu tournes la manette et il court vite ! Si tu veux un extraterrestre hyper-intelligent, crac ! Il est hyper-intelligent. C’est sans intérêt. Mes histoires concernent le développement de l’humanité dans des environnements différents. Je n’aime pas le mot science-Fiction.
J’aime des histoires de gens qui se trouvent dans des circonstances variées et comment ces circonstances changent leurs idées. Et puis, je cherche à rendre mes protagonistes compréhensibles pour mes lecteurs qui eux ne viennent pas de l’an 25 millions après Jésus-Christ ou avant Jésus-Christ ! Il faut que j’utilise un protagoniste avec lequel ils peuvent s’identifier, pour que leurs réactions à telle ou telle situation puissent correspondre aux siennes. Prenons l’exemple d’un sculpteur : si l’Académie de l’Art lui demande une statue d’un homme et qu’il réalise quelque chose qui ressemble à un amas gigantesque de vers de terre comment veux-tu que les gens qui le regardent puissent s’y identifier ? Quand j’écris sur l’humanité je cherche un lien entre mes lecteurs et mes personnages.

Dans les années cinquante les écrivains de Science-Fiction donnaient l’impression que l’homme coloniserait prochainement d’autres planètes. Or jusqu’à présent cela ne s’est pas produit. As-tu ton opinion sur ce sujet ?

Je n’y pense jamais. Je précise que je n’aime pas qu’on m’appelle un auteur de science-Fiction ! Je me fiche complètement de tout ça ! Je suis en dehors des tendances et modes de tout genre. Peut-être y avait il des gens qui croyaient aller vivre bientôt sur Mars, mais moi je ne l’ai jamais cru. Ce n’est pas raisonnable. Pour découvrir des planètes autour d’autres étoiles il faut y aller à la vitesse de la lumière, or c’est impossible pour l’homme. Quant aux planètes de notre propre système solaire elles sont inhabitables. Il faudrait un déploiement faramineux de ressources pour s’y établir, mais pour une telle dépense il faut un motif très fort ! Nous n’avons pas un motif assez fort pour vivre sur ces planètes. Tout cela n’a pas de sens. Il faut la vitesse de la lumière pour ces histoires. Il faut aussi imaginer que les problèmes posés par les biologies différentes des planètes seront résolus afin qu’on ne meurt pas d’horribles maladies chaque fois qu’on débarquera sur l’une d’elles. Ce sont des conventions.

Tu parles souvent de l’enfance. Tu prends des protagonistes enfants et tes héros et criminels ont souvent vécu des tragédies dans leur enfance. Est-ce lié à ta propre vie ou sinon quelle est l’importance de ce thème pour toi ?

Je ne sais pas... Tout le monde a une vie qui commence avec l’enfance... Il est impossible de dissocier une personne de son enfance. Je ne me suis jamais posé la question dans ces termes. Cela n’a certainement rien à voir avec l’autobiographie. J’utilise l’enfance pour expliquer le développement de mes héros. Je laisse leur passé et leur milieu les influencer.

Parmi tes personnages les plus fascinants on trouve tes criminels. Souvent il s’agit d’artistes ou bien ils sont motivés par des impulsions créatrices. Cela veut-il dire que le mal est une source de créativité ou bien que la créativité est une source de mal ?

Non... Les gens mauvais sont intéressants parce que... Est-ce que je connais moi-même des gens vraiment mauvais ? Je ne pense pas ! Deux peut-être. C’est facile d’écrire sur des gens mauvais, personne n’en connaît ! Tu en connais, toi ?

...Oui, mon voisin.

Ha ! Ils existent, c’est sûr ! Staline, le marquis de Sade, Gilles de Rais, l’empereur Tiberius ; ils peuvent marcher tous au premier rang de la légion du Mal !
Qu’est-ce que le mal ? C’est l’essence de l’égoïsme qui se déchaîne à l’extrême, passant outre les sentiments des autres. Comment prendre du plaisir dans la torture ? ça fait frissonner d’horreur même en y pensant ! Quand je pense à ce que faisait Ivan le Terrible... C’est trop affreux, ça ne se comprend pas.
Par contre la créativité est une passion qui dévore tout. Il se peut que les meilleurs aspects de la vie en découlent. Mais peut-être fait-elle que les gens qu’elle inspire mettent de côté les sentiments des autres.

Tu traites souvent de sujets politiquement délicats et controversés. WIST présente une critique de l’égalité, tandis que TRULLION a l’air d’approuver une société permissive. Dans CADWAL tu proposes le remède de la déportation pour le problème très actuel d’immigration, pourtant ton oeuvre condamne clairement l’esclavage. Comment te places-tu : à gauche ou à droite ?

Ni l’un, ni l’autre, je ne suis que moi-même. Je ne suis certainement pas à gauche. Et je ne suis pas religieux. Je suis contre l’égalitarisme, mais j’espère que chaque être humain qui naît aura sa chance de vivre une vie heureuse. Je suis contre l’oisiveté, les tricheries, de voler son meilleur ami, et toutes ces choses crapuleuses que font des gens ! L’égalité est une maladie de la société. La religion c’est pareil... Mais l’Église catholique n’a rien à voir avec l’égalitarisme, elle est aussi hiérarchisée que possible. Ce que je n’aime pas ce sont les idées qui veulent faire sauter et marcher les gens au rythme de la même chanson. Chacun doit chanter sa propre chanson... Quelquefois il faut dire : « Eh ! Qu’est-ce que c’est que cette rengaine que tu brailles là ! Je ne la supporte pas ! »

Est-il exact que l’histoire coloniale française de l’Algérie a inspiré LES DOMAINES DE KORYPHON ?(1)

Non, c’était une idée abstraite. J’ai tout simplement réalisé que le titre de propriété de la moindre petite parcelle de bien foncier, sauf dans les régions de l’extrême-nord ou des endroits complètement inhospitaliers, doit son origine à un acte de violence. Il suffit d’aller suffisamment loin dans le passé. Les Indiens d’Amérique déplorent qu’on les ait éjectés de leurs terres, mais ils ont fait la même chose pour d’autres tribus avant, etc, etc, jusqu’aux premiers qui sont venus par le détroit de Béring.

Et... Euh, ils ont éjecté les animaux ?

C’est ça. Tous les tigres à dents de sabre sont morts ! Mais ce livre n’est pas parmi mes préférés... Il n’est pas mal par endroits, mais il n’est pas mené à bien comme il faut.

LES DOMAINES DE KORYPHON et CADWAL ont l’air d’approuver le colonialisme. Est-ce correct ?

Je ne sais pas ce que c’est que le colonialisme. Est-ce simplement que les sociétés les plus avancées imposent leur règne sur les plus faibles ? Dans CADWAL il y a des gens qui trouvent un monde vierge et veulent le garder intact. C’est comme quelqu’un qui a une île et qui ne veut pas qu’une canaille vienne tout gâcher.
Le colonialisme c’est un nom pour ce que font les êtres humains. Les Indo-Européens ont colonisé la Grèce, les Celtes ont colonisé la France. Ce sont des choses qui arrivent ! Une société en domine une autre, après il y a l’assimilation. En général par colonialisme on veut dire ce que faisaient l’Angleterre et la France au XIX° siècle. Je ne vois rien de mal dans cela. C’est normal. Parfois ce n’est pas bien, parfois c’est bien. Parfois c’est même très bénéfique ! Prends l’Inde par exemple. Quand je voyage en Inde je ne cesse d’entendre dire : « Oh que c’était mieux avec les Anglais ! Dix fois mieux ! » Ce n’est pas pareil en Afrique du Nord, mais à Dakar et au Maroc les Français sont toujours là ! Ils ne sont jamais partis, bien que je doute que la Légion Étrangère reste très populaire dans les Atlas ! De telles affaires sont si compliquées, elles donnent lieu à tant d’idées et de théories, c’est très difficile de les juger... Parfois c’est non, parfois c’est oui.
Je me rappelle d’une photo d’un misérable petit Vietnamien - il avait l’air d’avoir 5 ans, tout maigre et ratatiné - qui portait sur son dos un énorme Hollandais de 150 kilos à travers une rivière. Les fesses volumineuses du Hollandais englobaient complètement les épaules du Vietnamien. Voici le colonialisme. Est-ce bien ? Est-ce mal ? C’est bien pour le Hollandais !... Et puis, j’imagine que c’est bien aussi pour le Vietnamien. Le Hollandais lui donnait une piastre pour acheter un petit bol de riz.

LA MURTH semble être une condamnation du féminisme. Cette impression est-elle exacte ?

Non, pas une condamnation, mais tout simplement une satire. Je suis fortement en faveur des droits des femmes. Elles ont le droit d’avoir l’égalité devant la loi. Ce que je n’aime pas ce sont ces femelles acariâtres et revêches ! Mais j’en ris.
Qui était cette femme ? Elle était écrivain... On était chez les Herbert (Frank). En passant je lui ai donné une petite tape sur les fesses avec mon banjo - je ne sais plus dans quelle clef il était accordé - mais c’était comme ça, pas méchant. Alors sa lèvre s’est mise à trembler, ses yeux à flamber. Elle a dit (prenant une voix pénétrée et basse) : « Ne fais plus jamais ça Jack ! ». J’étais d’accord !
Je n’aime pas quand les gens deviennent trop excités. Mais les femmes ont le droit de faire des efforts pour améliorer leur condition.
Un jour j’étais avec un groupe dans un bâtiment public. Tout le monde était passé avant moi et est arrivé une femme qui n’était pas de notre groupe et j’ai gardé ouverte la porte pour elle. Alors elle m’a dit : « Ne tenez pas ouvertes des portes pour moi ! » Alors je suis passé devant elle, mais j’ai toujours retenu la porte car sinon elle se serait refermé avec violence sur elle. Mais elle refusa toujours de passer, en me regardant dans les yeux, les siens disaient « Sale con ! ». Elle a fait demi-tour et est rentrée dans le bâtiment !

Certains critiques français prétendent que le pays Thaery s’inspire des États-Unis. Qu’en dis tu ?(2)
Thaery ? Qu’est-ce que c’est ?

Tu ne sais pas ? Dans MASKE : THAERY, le pays divisé en comtés...

Ah, je vois... Non, absolument pas.
L’esclavage et la tenure figurent souvent dans tes oeuvres. Est-ce qu’il y a un lien avec l’histoire des États-Unis ?

Absolument pas. Ce genre de choses vient du fond des êtres humains. Peut être que les Hommes de Néanderthal ont-ils tenu des humains en esclavage, qui sait ? L’Angleterre a arrêté l’esclavage au XVIII° siècle n’est-ce pas ? (3) En Amérique il a fallu une guerre. Les Arabes ont des esclaves mêmes aujourd’hui. C’est pareil pour les métayers, ce sont simplement des noms pour une personne dépendant d’une autre pour vivre. En Russie il y avait des serfs. Non, ça n’a rien à voir avec l’Amérique, c’est la race humaine.
Peux-tu expliquer pourquoi tu étais en faveur de l’intervention américaine au Vietnam ?
Bien sûr. À l’époque le communisme avait de l’élan. Les Communistes avaient pris la Chine. Avec la guerre de Corée nous les avons repoussé. Il me semblait qu’il fallait les contenir sur une échelle globale. Je croyais en la théorie des dominos (qui veut qu’un pays communiste fasse tomber ses voisins dans le communisme). Je crois toujours que nous avons raté le coup. Si nous voulions faire la guerre il aurait fallu y aller comme il faut et les écrabouiller, au lieu de jouer à la puce.
Aujourd’hui, je le crois toujours. Notre politique était mal menée. Ce qui se passait était horrible ! À l’époque c’était les communistes acharnés contre les faibles démocraties, une véritable inondation du mal sur le monde. Si nous voulions nous défendre il fallait avoir le courage de se battre.
Il est impossible aujourd’hui de ne pas avoir une opinion nuancée, mais à l’époque nous avions vu ça comme une lutte à mort.

Certaines aventures maritimes de tes livres sont-elles basées sur tes propres aventures ?

Non, absolument pas.

Il semble que tu sois particulièrement intéressé par la mythologie irlandaise. Est-ce qu’elle t’attire plus que d’autres mythologies ?

Oui, plutôt... Mais j’adore les mythes russes ! Ils sont pleins de caprices, d’imagination. Cu Chulainn ne m’intéresse pas. Toutes ses histoires de voleurs de bétail sont ennuyeuses. Je préfère les fées et les histoires de fantômes, mais les mythes russes sont ensorcelants, comme la maison qui marche sur des pattes de poule.

Et les mythes grecs ?

Ennuyeux. Il manque ce petit cachet, un fond de bizarrerie et de sauvagerie... Excepté chez certains comme celui de la Méduse.

Dans LE CHASCH tu as écrit : « À Pera, personne n’a le droit de voler ni de violer en dehors de Naga Goho et ses Gnashers ». C’est corsé, non ?

C’est un petit tour satirique. Cela fait partie des attributs de cette société, en harmonie avec leurs idées.

Le personnage énigmatique qui apparaît dans la série ALASTOR est-il le Connatic ?

Oui, je n’aime pas être trop explicite. C’est un tyran bienfaisant, la petite souris ou le Père Noël. Il n’a pas l’omnipotence de Dieu, mais il est là. Il circule déguisé, s’installe dans les bars et se fait une idée de ce qui se passe. Je sais que c’est impossible. C’est difficile d’y croire ! J’en fais usage car j’aime l’idée. Mais je sais qu’il est impossible de régner sur 3000 planètes en allant de bar en bar ! C’est une idée qui ne tape pas du poing sur la table mais qui flotte comme un ruban de fumée, comme un rêve : un homme gentil qui va par-ci, par-là, il fait du bien, il repart. Mais si j’avais une écharde je ne pense pas que la porte s’ouvrira tout d’un coup et que le président Clinton se précipitera pour me soigner !

Dans LES SERVANTS DE WHANKS et dans d’autres histoires, tu introduis des organisations officielles d’assassins qui ont une place reconnue au sein de la société. Qu’aimes-tu dans cette idée ?

Rien, ce n’est que pour le choc. C’est comme à Clarges (LA VIE ETERNELLE) ou c’est un mécanisme pour faire face à la surpopulation. C’est un jeu de mots : « Ce soir nous invitons notre assassin à dîner ! » Enfin... Ce n’est que ce qu’on pourrait appeler une petite ruse minable de la rhétorique.

À la fin des séries DURDANE et LA GESTE DES PRINCES DEMONS les héros sont frappés de mélancolie : pourquoi ?

C’est que je suis frappé moi-même de mélancolie à la fin d’une série...

Lequel parmi tes héros est-il ton préféré ?

Je n’ai pas un préféré... Cugel peut-être. Mais il n’est pas mon préféré, c’est simplement qu’il m’étonne... Je crois que c’est plutôt moi-même que j’admire pour l’avoir écrit.

Pourquoi ne recommences-tu pas ?

Je ne pense pas que j’en sois encore capable. Je suis très fier des deux livres de Cugel... Bien que je ne sois pas content du premier chapitre du premier. J’aimerais le corriger. J’aime beaucoup Navarth, le poète fou. Je m’identifie à lui ! Et il y a des femmes que j’aime... Surtout la fille qui est dans le même
livre, comment s’appelle-t-elle... Flir ?

Tu ne veux pas dire Jheral Tinsy ?

Non, une des filles qui venait d’elle...

Drusilla Whales  ?

Je ne me rappelle pas, mais Gersen la rencontre sur le quai quand il vient trouver Navarth, tu vois ?
C’est bien Drusilla, Zan Zu d’Eridu. Elle porte une jupe noire et un blouson marron...
Lorsque je pense à elle ça me fait frissonner... Elle m’excite... Et puis il y a une autre fille dans MONSTERS IN ORBIT. Elle s’appelle Jean Parlier. Je l’admire.

As-tu aimé la version télévisée de MECHANT GARCON ?

Non, je ne l’ai pas vue, mais on me l’a décrite. Peut-être que j’aurais dû la voir... En général les films et la télévision diluent et réduisent à rien un livre. Je n’ai jamais aimé de films faits d’après mes gribouillages.

Y a-t-il d’autres adaptations qui vont sortir ?

Peut-être quelques-uns, mais je ne sais pas. Mon agent m’en parle, mais...

Pourquoi prends-tu des noms variés : Jack Vance, John Holbroo Vance et Ellery Queen ?

Parce que Ellery Queen m’a donné 3000 dollars par livre. C’était de l’argent à l’époque ! Dans le contrat j’étais tenu de ne jamais révéler que c’était moi qui les avais écrits. Théoriquement donc je n’ai jamais pris le nom. De toute manière il prenait ma bonne prose et la fardait à mort pour en faire sa petite soupe à lui.
John Holbrook Vance est réservé pour mes polars. J’ai pris le nom de Jack Van See pour "First Star ,I see tonight "PREMIERE ETOILE QUE JE VOIS CE SOIR. La stratégie était d’avoir plein de noms, de faire des choses variées et ainsi en vendre plus, mais cela n’a pas marché. Je n’arrivais pas à fournir. C’est une idée inaboutie.

Tes livres plus récents semblent être un peu différents des autres. Qu’en dis-tu ?

Je ne sais pas... Je ne vois pas ça... Je vieillis, c’est normal ! Je ne veux pas retravailler les mêmes choses. J’ai fait déjà ça dans HENRI RENCONTRE LE TIGRE (HENRI MEETS THE TIGER), alors flûte ; maintenant je fais autre chose !
Chaque année il y a du nouveau. Mais mes intérêts changent un peu... Pourtant pas beaucoup... Maintenant il y a moins d’éclat... Mais je n’en sais rien... Je suis plus décontracté. Dans PORTS OF CALL "Escales dans les étoiles (dernier livre publié) il y a d’avantage de drôleries ; je laisse parler tranquillement ce qu’il y a de drôle dans ma nature.

(1) : cf dans la préface de Jacques CHAMBON au Livre d’or ou Papillon de Lune (Jack Vance, le grand temple de la science-fiction)
(2) : Jacques GOIMARD dans la postface de Un tour en Thaery
(3) : Erreur historique, c’est au début du XIX° siècle




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