8/10
300 ans sont passés et 30 ans en France, et voilà que nous découvrons enfin la suite du célèbre cycle de Shannara. Brooks nous la resserre fin du monde, perdition de la magie et disparition des peuples mythiques des Nains, Elfes et compagnie. Cependant, la justesse de son verbe, sa douce narration de cette histoire qui recommence, si elle aurait pu paraître irritante dans un énième livre des Royaumes oubliés, apparaît sous la plume de l’auteur comme une belle évocation de ces héritiers un peu maladroits qui vont repartir pour la grande aventure.
Ainsi, Par Uhmsford a hérité du pouvoir de l’enchantement mais ne s’en sert que pour donner corps aux dits et légendes que lui conte son frère Coll. Wren est une belle et jeune vagabonde en quête de devenir. Quand à Walker Boh, il synthétise à merveille la légende du chasseur sauvage modérée cependant par un arrière fond judeo-chrétien qui lui confère la figure d’un père mythique. Or, le mystérieux Cogline sauve un jour Par et Coll d’un Ombreur. Tout comme les hérauts du temps jadis il se révélera être le porteur d’une missive d’un certain Alanon. Message naïf (faire renaître la magie sur les quatre terres) s’il en est, la grande aventure est de nouveau en son grand commencement et le groupe va se constituer et partir pour la quête sans fin tant célébrée depuis le Seigneur des anneaux.
Derrière la candeur et cette fausse naïveté des personnages, Brooks va forger des personnalités qui, on le devine, connaîtrons peu à peu des évolutions dans leurs vies respectives. Les commentaires du narrateur s’ils peuvent paraître comme évidents n’en demeurent pas moins agréables, comme s’il était la voix qui en filigrane distillerait cette fantasy à la manière d’un conte qu’on aimerait se voir raconter au coin d’un feu. Magique et épique, naïve et belle, la plume de Brooks opère son maléfice en emportant les lecteurs au pays où il y a toujours un lendemain, toujours d’autres quêtes à accomplir, vertu première de la littérature de fantasy.
Que certains exècrent Brooks ou Eddings est un fait, mais la majorité des lecteurs ne s’y est pas trompé, ce qui vaut parfois mieux que les jugements hâtifs, qui, peur peu qu’ils soient quelque peu justifiés, sont battus en brèche par ceux qui ont gardé un coeur d’enfant ainsi que les milliers de jeunes qui se régalent de ces soi-disants niaiseries. Belle couverture de Philippe Munch qui retranscrit parfaitement le monde de Brooks.
Terry Brooks, Les Descendants de Shannara, traduit de l’américain par Rosalie Guillaume, Couverture de Philippe Munch, 310 pages, Bragelonne, 22 Euros