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  Sommaire - Films -  M - R -  PIFFF 2012, seconde édition
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Il a deux ans ! Le Paris International Fantastic Film Festival, plus simplement baptisé le PIFFF, a donc fêté son deuxième anniversaire du 16 au 25 Novembre dernier, confirmant le succès remporté par une manifestation privilégiant le Fantastique dans tous ses genres, de l’Horreur à la Science-Fiction en passant par l’Epouvante, le Thriller, etc... Et si Grand Prix 2011 fut loin de promouvoir la naissance de ce « petit » Festival, le succès public y contribua au point de continuer sur cette lancée, de passer d’un grand week-end à une semaine complète, de trouver une sélection d’inédits (comme quoi, quand on veut, hein... Suivez mon regard !) qui composèrent le programme 2012. Et alors, qu’en est-il ? Voyez plutôt...

Plus d’une vingtaine de films sur une semaine, dix en Compétition, huit en hors-Compétition, une nuit Clive Barker avec quatre films, trois séances spéciales, un film d’ouverture, un de clôture, tous sous-titrés, tous inédits pour la Compétition et la hors-Compétition, de ce côté-là, le PIFFF fait fort. Maintenant, quid de cette sélection d’inédits justement ? On notera une grande proportion d’œuvres flirtant avec le Fantastique par un contexte plus proche de la violence hors-limites. Mais le mieux va être de donner une idée des festivités au travers des dix longs-métrages vus.
Commençons déjà par l’ouverture avec le nouveau film de Don Coscarelli. Un cinéaste peu prolixe, passé à la postérité pour avoir inventé « Phantasm » et ses séquelles (qui n’allèrent pas en s’améliorant, budgets étriqués obligent...), et de temps en temps pour avoir fait d’autres choses comme « Dar l’Invincible » (un peu dur à revoir, au fil du temps...), un « Survival quest » avec Lance Henriksen pas terrible du tout, un bon épisode des « Masters of horror », et pour s’être donné une petite renaissance avec l’éminemment sympathique « Bubba Ho-Tep », et qui revint donc cette année avec une œuvre encensée par le critique d’outre-Atlantique, « John dies at the end ». Mmmouais... Le film qui nous fait revoir la créativité du bonhomme, à savoir une bonne idée diluée dans le n’importe quoi et qui s’étire sur plus d’une heure. Ici, la découverte d’une drogue qui permet de voir les habitants d’une réalité alternative. Un truc dans ce goût-là. A vrai dire, au bout de quelques minutes - et je suis clément... -, on s’en tape. Ça part dans tous les sens, on décroche rapidement, on s’ennuie ferme.
Hors-Compétition, on change radicalement de registre avec « The seasoning house » de Paul Hyett, plongée cauchemardesque dans un bordel d’Europe de l’Est (Bosnie, si on veut...) servant de défouloir sexuel aux soldats, où une jeune sourde-muette servant de bonniche à tout faire, finit par être dégoutée de ce qu’elle voit et décide de s’évader. Il faut admettre que pendant un quart du film, on en vient à être gêné de voir ces (porcs) militaires tuer par plaisir, violer, et prendre chaque fille pour un punching-ball. Surtout qu’en plus, tout cela est très bien filmé. Puis peu à peu, avec le personnage central, on commence à voir le but du film. Et de découvrir en sadique number one, une tête connue, Sean Pertwee, sosie à une époque de Russel Crowe. Tout cela part finalement vers une direction originale du survival, et la complaisance du début n’aura plus lieu d’être.
On passe à la Compétition, « jugée » par un jury - sans Président - composée de Pascal Laugier (réalisateur de l’excellent « The secret », son seul meilleur film à ce jour...), de Julien Carbon et Laurent Courtiaud, deux français partis à Hong-Kong écrire pour Tsui-Hark, Johnnie To, et qui réalisèrent le très bon « Les nuits rouges du bourreau de jade », de Xavier Gens (« Frontière(s) », « The divide »... Et « Hitman »...) et Nicolas Boukrief (le génial « Gardiens de l’ordre »). Dix films donc, mais cinq de vu, ben oui... On commence par « Citadel » de Ciaran Foy, avec un jeune père devenu agoraphobe suite à l’agression mortelle de sa femme par un gang étrange et monstrueux vivant dans sa cité HLM. Manque de bol, ils lui enlèvent son bébé, le poussant à plonger dans leur tanière. Horreur urbaine pour un shocker à la frontière du pur fantastique, comme « Heartless » de Philipp Ridley, ne serait-ce qu’avec ses tueurs au look rappelant celui des bébés monstres de « Chromosome 3 ». Toujours dans ce style réaliste donc plus polar qu’horreur, « In their skin » de Jeremy Power Regimbal est un « home invasion » original dans sa première moitié mais qui ne tient pas sur la durée entière, où une famille est prise en otage par une autre dont chaque membre s’identifie à chaque autre membre de la famille otage. L’originalité du départ se voit vite supplanté par des situations finalement conventionnelles et limite caricaturales annihilant l’impact du malaise initial. Certainement le pire film de cette sélection, « The butterfly room » de Jonathan Zarantello permettait de retrouver une pléiade d’acteurs du genre ayant en tête de liste Barbara Steele. Sauf que cette histoire de vieille toquée séquestrant à mort dans une pièce secrète ses victimes comme des insectes, est mal écrite, mal jouée, mal mise en scène. Un vrai nanar sérieux, donc limite navrant. Venu d’Indonésie, « Modus anomali » de Joko Anwar bénéficiait d’un concept original - un homme parti en week-end dans une maison au fond des bois, se réveille seul et doit traverser des épreuves pour les sauver - sauf que l’ensemble s’avère aussi puissant qu’un épisode d’une anthologie télévisuelle du genre plutôt bas de gamme. Enfin, dernier film vu - et Grand Prix ! - « El cuerpo » d’Oriol Paulo, connu pour avoir été le scénariste de l’excellent « Les yeux de Julia », permet de découvrir un thriller machiavélique très fortement influencé par Henri-Georges Clouzot période « Les diaboliques ». Le corps d’une femme disparaît de la morgue. En prenant en main l’affaire, le commissaire Pena (Jose Coronado) va découvrir qu’à la base, il y a peut-être un crime passionnel, et qu’il risque lui-même d’y perdre la raison avec des cadavres qui s’évanouissent on ne sait où et semblent réapparaitre vivants... Superbe exercice d’écriture, qui plonge à la fois dans le polar et (quelque part) le surnaturel, « El cuerpo » s’achève en plus dans un final totalement immoral qui donne toute sa puissance au film. Seul bémol : Oriol Paulo écrit mieux qu’il ne filme, et avec un tel matériau, il eût fallu la présence d’un cador derrière la caméra, comme un Enrique Urbizu, son compatriote signataire du sublime « Box 507 » (avec Jose Coronado justement), et « El cuerpo » aurait été un petit bijou. Là, il n’est qu’un très bon thriller sortant un peu du lot.
Et c’est sur ce lauréat - déjà meilleur que celui de l’an passé, « Bellflower »... Qui s’en souvient ?... - que s’achèvera ce deuxième PIFFF, sans oublier la nuit Clive Barker avec la projection de la version longue de « Nightbreed » - ne reste plus qu’à attendre une hypothétique ressortie DVD et encore plus fou, Blu-ray ... - , se clôturant sur « Silent Hill : Revelation 3D » de Michael J. Bassett qui signe ici son premier mauvais film, l’histoire étant sans intérêts, aucune once de frayeur, bref le nada total pour cette séquelle au déjà moyen film de Chrisophe Gans qui du coup en ressort grandi.
Quant au PIFFF, une seconde édition peut-être trop portée sur la violence pure sombrant dans l’horreur ; en même temps, s’il n’y avait aucune autre actualité dans le genre, c’est normal... Mais au vu de la passion des organisateurs, du plaisir procuré pendant ces quelques jours, il ne faut pas bouder son plaisir au risque de le voir disparaitre. Le PIFFF doit se maintenir et continuer d’avancer avant de bien vieillir. Donc une seule chose à souhaiter : vive le PIFFF 2013 !

St. THIELLEMENT (remerciements agence MIAM et les organisateurs)



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