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Sommaire - Interviews -  Hidenori Kusaka & Satoshi Yamamoto les deux mangakas auteurs de Pokémon Noir & Blanc


"Hidenori Kusaka & Satoshi Yamamoto les deux mangakas auteurs de Pokémon Noir & Blanc " de Damien Dhondt


Sfmag : Comment est venue l’idée d’adapter le jeu vidéo en manga ?

Hidenori Kusaka : Lorsque le jeu vidéo est sorti au Japon en 1996 il a eu énormément de succès. Avec le succès du jeu est venu pour l’éditeur la volonté d’un développement multimédia, de créer des cartes de jeu, un dessin-animé et un manga.
L’éditeur japonais avait alors pris des dispositions pour que dans ses magazines pour la jeunesse démarre un manga sur l’univers des Pokémon. C’est ainsi que lors des préparatifs j’ai été appelé pour devenir le scénariste.

Comment évolue l’histoire à partir de l’univers du jeu vidéo ?

Hidenori Kusaka :Il y a beaucoup de challenge quand on fait un manga tiré du jeu vidéo. Il n’y a ni couleur ni musique. On est obligé de couvrir tous les points faibles du manga par rapport au jeu vidéo et ceci par une histoire qui accroche les gens et un contenu satisfaisant.

Hidenori Kusaka : Un jeu vidéo est par essence interactif. Le joueur va choisir les actions qu’il réalise et ce n’est pas du tout la même approche avec le manga. Le manga est déjà terminé lorsque le lecteur le prend en main. Donc il est face à un personnage qui est dit passif. C’est pour cela qu’il faut contrer cette passivité, pour que le lecteur ne soit pas lassé, en faisant un manga passionnant. Ma politique est de créer une histoire où le volume et le chapitre se terminent toujours de manière à ce que le lecteur ait le temps de s’imaginer comment cela pourrait se passer et se projeter avant d’avoir la suite. Il s’agit de construire un manga de manière à ce que l’imaginaire du lecteur marche à plein régime jusqu’à l’épisode suivant. C’est pour moi la meilleure manière de rendre le manga interactif par rapport à la passivité du média.

Qu’est-ce qui est préférable : le Blanc de la Réalité ou le Noir Idéal ?

Hidenori Kusaka : Selon les personnes concernées l’idéal et la réalité sont très différents. Ce sont des concepts abstraits dont la forme change selon la moralité de chacun. Donc il est difficile d’avoir une réponse définitive ici.
Cependant auparavant dans les autres jeux Pokémon c’était la terre et la mer qui étaient opposées ou bien le temps et l’espace. La réalité et l’idéal ce sont des concepts abstraits et en tant que scénariste c’est quelque chose qui m’intéresse au plus au point, parceque c’est plus inédit à manipuler dans le scénario. Comme ce sont deux concepts qui ont besoin l’un de l’autre pour fonctionner et qui viennent ensemble c’est très intéressant pour moi de l’écrire.

Dans ce manga le héros nommé "Noir" travaille pour une employeuse ayant pour nom "Blanche". De plus pour résoudre des énigmes Noir place sur sa tête un Pokémon de couleur blanche et les indices apparaissent alors sous forme de cases noir & blanc.
Dans les trois premiers tomes vous procédiez par allusions. Mais maintenant dans les tomes 4 & 5 on assiste à l’apparition des deux dragons de la légende. Pourquoi avoir procédé progressivement à l’apparition de la légende ?

Hidenori Kusaka : En termes de narration il est plus facile de rentrer dans un manga si le début prend place dans la réalité quotidienne. C’est plus amusant de lire une oeuvre où les enjeux dramatiques évoluent jusqu’à atteindre un paroxysme.
Énormément de Pokémon existent des très faibles aux très puissants et donc évidemment comme il y a une grosse différence entre les premiers Pokémons et les derniers les plus puissants. Je suis obligé de faire attention à l’équilibre de l’escalade des forces en présence dans le livre.
Si dès le premier tome on fait apparaître un dragon et on décide de le faire affronter les Pokémons les plus faibles, ceux-ci n’ont aucune chance d’apparaître dans l’histoire ou d’être utile à quoi que ce soit. Un des challenges du scénariste est d’utiliser les Pokémon les plus faibles dans le scénario pour qu’ils aient une présence par principe. Il y a aussi des enfants qui aiment les Pokémon les plus petits et les plus faibles et c’est une partie du lectorat qu’on ne peut pas négliger. Comme il faut satisfaire tout le monde il faut partir d’en bas pour pouvoir faire apparaître tous les Pokémon dans le manga.

Il existe deux types de héros dans les mangas : ceux qui résoudent aisément des énigmes comme "L" dans "Death note" ou d’autres beaucoup plus naïfs et peu doués pour l’intellect de type Naruto. Ici votre héros Noir semble être un hybride des deux. Il est naïf, mais il arrive à résoudre des énigmes à l’aide de Munna son Pokémon blanc. Pourquoi avoir fait de Noir un hybride ?

Hidenori Kusaka : C’est une partie du manga qui me tenait particulièrement à coeur. Le manga Pokémon existe depuis 16 ans au Japon et il en existe 42 tomes. Régulièrement on a changé de génération dans le manga et on a changé de héros à chaque fois. Parmi les types de héros qui n’avaient jamais été employés dans ce manga il y avait ce héros hybride.

Comment avez-vous adapté le design de la ville d’Unys ou celui des Pokémon au manga ?

Satoshi Yamamoto : Avant de commencer à travailler sur les mangas Pokémon j’étais un dessinateur qui appréciait le style réaliste. J’ai dessiné le manga "L’héritier du vent" qui est une histoire d’arts martiaux. Personnellement je suis un très grand fan de films fantastiques et de films de monstres. Ce que j’aimais c’est justement la facilité des films japonais où on faisait coexister à la fois des humains et des monstres, qui étaient filmés de manière réaliste, même si parfois ils avaient l’air improbables. C’était cette idée de faire coexister ensemble le réel et l’irréel mais qui était faite de manière réaliste qui m’a inspiré. Quand je dessine que ce soit une ville ou un Pokémon, je le fais toujours dans l’esprit que les Pokémon sont à côté des personnages humains et que dans la composition de l’image cela aura toujours l’air naturel.

On observe une violence dans les combats entre Pokémon, notamment sous forme d’impacts, puis peut après tout redevient normal. Le contraste est surprenant.

Satoshi Yamamoto : Il y a deux raisons à cela. D’abord nous deux faisons partie d’une génération où on a lu des mangas qui étaient à l’époque "expérimentaux". De ce fait nous avons lu beaucoup de mangas qui mélangeaient à la fois le sérieux et le comique et qui ne s’embarrassaient pas d’avoir beaucoup de pages d’exposition. Ils passaient d’une émotion à une autre. Inconsciemment c’est comme ça que nous faisons notre mise en page. D’autre part moi personnellement j’aime beaucoup les oeuvres de mangas comiques. Je suis quelqu’un d’un peu viscéral dans tout ce qui concerne la représentation des émotions. Au lieu qu’un personnage tourne en rond avant de lâcher ce qu’il a au fond de lui, je préfère qu’il donne tout tout de suite.

Combien de temps vous faut-il pour réaliser une page du manga ?

Satoshi Yamamoto : Pour une page simple cela prend entre entre une et deux heures. Pour une page avec des décors je dirais une à deux heures de plus. Mais quand on a pas le temps je réalise une page en une heure en pleurant des larmes de sang.

Lequel des jeux vidéos de Pokémon appréciez-vous le plus ?

Hidenori Kusaka : Dans les jeux vidéos ce que j’apprécie c’est la complexité du scénario. Or Pokémon Noir & Blanc est celui qui a le scénario le plus élaboré.

Si dans un jeu vidéo il y a le logo "Pokémon" je l’aime.

Quel avenir commun voyez-vous avec Pokémon ?

Hidenori Kusaka : Le tome 6 sortira en exclusivité en France entre le premier et le deuxième trimestre de 2013. En ce qui concerne le film je leur fais depuis longtemps des appels du pied pour écrire un scénario.




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